La vidéo « Etre différent c’est normal » n’aurait jamais pu être réalisée et connaître le succès qu’on sait, plus de 250 000 vues, sans l’aide précieuse du collège-lycée Stanislas à Paris. L’établissement a en effet autorisé le tournage dans ses murs.
Pour ce gros établissement parisien, cet engagement était tout naturel et dans le prolongement logique de leurs classes ULIS.
Rencontre avec Daniel Chapellier, directeur de l’établissement.
Pourquoi avoir accepté le tournage de la vidéo « Etre différent c’est normal » dans votre établissement ?
La question est plutôt, pourquoi n’aurais-je pas accepté ? C’est un bonheur de voir ces enfants s’épanouir. Je dis aux 3400 élèves de Stan : aider les élèves avec une petite différence, c’est une grande chose. Ce projet est très éducatif et est au centre de notre politique à Stan. La vidéo « Etre différent c’est normal » est très bien faite. A Stan, beaucoup d’élèves intègrent Polytechnique après une classe prépa. Mais je dis souvent : ces résultats ont de la valeur grâce aux élèves porteurs de handicaps car ce sont eux qui donnent de la couleur à ces progrès. Intégrer ces élèves fait partie du projet de la maison, c’est un bonheur. On se donne aussi beaucoup de mal, il faut de la générosité, ce n’est pas toujours facile et on mouille la chemise. Mais c’est formidable de leur donner une chance !
Pourquoi avoir mis en place des classes d’ULIS à Stan ?
Il y a 18 ans, existait déjà à Stan une classe au collège, uniquement composée d’élèves autistes. Mais elle était un peu dans son coin, avec une très bonne enseignante, mais un peu isolée. Un jour, des parents sont venus me voir pour scolariser tous leurs enfants à Stan. Tous, sauf un. Je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont répondu que leur enfant était attient de trisomie. Au même moment, la direction diocésaine a fait un appel à candidatures dans plusieurs établissements, afin d’ouvrir une classe pour élèves porteurs de handicaps. C’est comme ça qu’est née cette deuxième classe à Stan. Enfin, nous avons ouvert une troisième classe au lycée, mais hors contrat, pendant 1 an. Comme j’ai réalisé qu’il se faisait des choses très bien dans cette classe, j’ai demandé à ce que cette classe soit désormais sous contrat. Un inspecteur est venu, il a vu que nos enseignants faisaient des choses extraordinaires, et il a donné son autorisation pour que cette classe soit sous contrat. Les enseignants y offraient une pédagogie originale et inventive, et ça marche très bien.
Nous avons donc trois classes ULYS : 2 au collège, et 1 au lycée. Mais les classes ULYS sont d’habitude au sein d’un lycée technique ou professionnel : la théorie s’accompagne de la pratique d’un métier, comme la menuiserie par exemple. Stan travaille ainsi en réseau avec d’autres lycées techniques ou professionnels : le lycée Carcado-Saisseval (boulevard Raspail), Saint Nicolas (rue de Vaugirard), Albert II (rue Olivet) et un peu avec Sainte Jeanne Elisabeth. Nous assurons la partie théorique de l’enseignement, et nos élèves profitent d’un enseignement technique dans ces lycées.
Quelle est la place des enfants porteurs de handicaps à Stan ?
A Stan, on aime beaucoup ces enfants. Ils sont au cœur de notre projet éducatif. Je pense que nos enfants atteints de trisomie 21 font plus de progrès que nos autres élèves. Leurs progrès sont beaucoup plus visibles. Quand je prends l’exemple de François, un de nos élèves trisomiques, il est bien dans sa peau, souriant, à l’aise et resplendissant ! Le matin, quand je suis à la porte d’entrée de Stan, il attend mon regard, il est fier. Un autre exemple : un enfant autiste est entré à 12 ans à Stan.
A Stan, le message de la maison, c’est : « Mon vieux, si tu as de la chance dans la vie, ton talent est fait pour servir les plus petits », voilà pourquoi nos élèves porteurs de handicaps sont très bien accueillis !