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Attenter à la vie fragile, précipiter la mort, ne sont pas les gestes d’un médecin

Éditorial
News
25 Mai 2021 Attenter à la vie fragile, précipiter la mort, ne sont pas les gestes d’un médecin

Edito de Jean-Marie Le Méné

Il parait difficile de passer sous silence les débats sur l’euthanasie à l’Assemblée nationale, même s’ils n’ont pas été couronnés du succès attendu. Contrairement à ce que l’on peut lire çà et là, il est clair que si le texte autorisant « l’aide médicalisée active à mourir » n’a pas été voté, la guerre des idées est gagnée pour ses promoteurs et il serait abusif de parler d’une victoire d’étape pour ses adversaires. La proposition de loi n’a pas été votée, uniquement parce qu’elle ne coïncidait pas avec l’agenda politique du gouvernement, que l’Assemblée manquait du temps nécessaire et que l’opposition en a profité pour faire de l’obstruction, ce qui était la moindre des choses. Mais la majorité parlementaire y est favorable et l’exécutif n’a pas caché qu’il s’attellera à la tâche en temps utile.

C’est en inspectant les armes des combattants que l’on peut discerner les chances de gagner des uns ou des autres. Du côté des partisans de l’euthanasie, il y a de l’armement lourd, fort bien manié par Jean-Luc Mélanchon dans l’hémicycle : « L’être humain est auteur de son histoire. Chaque pas qui rend une personne plus maîtresse d’elle-même la fait avancer en humanité, même si c’est cruel d’éteindre la lumière. La liberté c’est se posséder soi-même, c’est être créateur de soi ». De l’existentialisme chimiquement pur dans lequel nous baignons depuis près de 80 ans. Pourquoi s’en offusquer ? C’est la philosophie qui sous-tend déjà la légalisation de l’avortement et la procréation médicalement assistée. Les deux faces de la même médaille.

L’abîme appelle l’abîme et l’assassinat par amour n’a aucune raison de ne pas s’étendre de l’enfant au vieillard sans oublier la personne handicapée

Face à l’idéologie dominante de l’homme architecte de lui-même, les opposants à l’euthanasie sont armés de lance-pierres. La plupart d’entre eux choisissent une stratégie de contournement qui se résume en trois arguments. D’abord, « ce n’est pas le bon moment ». Le gouvernement devrait prioriser ses objectifs. Il y aurait donc un bon moment pour légaliser l’euthanasie  ? Ensuite, « il faut exiger un grand débat national  ». Un classique dès lors qu’il s’agit de faire passer une transgression. On sait ce qu’il en est des états généraux et autres conventions citoyennes. Enfin, « il faut éviter l’euthanasie à cause des risques de dérives  ». Lesquelles ? Comme si l’euthanasie n’était pas LA dérive ? Arguments de pure forme dont aucun n’invoque la seule raison qui vaille : l’interdit de tuer ne souffre pas d’exception.


L’abîme appelle l’abîme et l’assassinat par amour n’a aucune raison de ne pas s’étendre de l’enfant au vieillard sans oublier la personne handicapée. Au nom de quelle morale défunte pourrait-il en être autrement  ? On ne contredit pas l’influence de Sartre à coups de sous-amendements. Il faudra de plus grands efforts pour décrocher son effigie tutélaire du pinacle intellectuel français. En attendant, une vérité mériterait d’être répétée. Le politique charge indûment une certaine médecine d’apporter des réponses techniques à des questions qui ne le sont pas. Attenter à la vie fragile, usiner à façon l’enfant en éprouvette ou précipiter la mort ne sont pas les gestes d’un médecin. La mission de la fondation Jérôme Lejeune est simplement d’en témoigner par ses actes.

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