Il parait difficile de passer sous silence les débats sur l’euthanasie à l’Assemblée nationale, même s’ils n’ont pas été couronnés du succès attendu. Contrairement à ce que l’on peut lire çà et là, il est clair que si le texte autorisant « l’aide médicalisée active à mourir » n’a pas été voté, la guerre des idées est gagnée pour ses promoteurs et il serait abusif de parler d’une victoire d’étape pour ses adversaires. La proposition de loi n’a pas été votée, uniquement parce qu’elle ne coïncidait pas avec l’agenda politique du gouvernement, que l’Assemblée manquait du temps nécessaire et que l’opposition en a profité pour faire de l’obstruction, ce qui était la moindre des choses. Mais la majorité parlementaire y est favorable et l’exécutif n’a pas caché qu’il s’attellera à la tâche en temps utile.
C’est en inspectant les armes des combattants que l’on peut discerner les chances de gagner des uns ou des autres. Du côté des partisans de l’euthanasie, il y a de l’armement lourd, fort bien manié par Jean-Luc Mélanchon dans l’hémicycle : « L’être humain est auteur de son histoire. Chaque pas qui rend une personne plus maîtresse d’elle-même la fait avancer en humanité, même si c’est cruel d’éteindre la lumière. La liberté c’est se posséder soi-même, c’est être créateur de soi ». De l’existentialisme chimiquement pur dans lequel nous baignons depuis près de 80 ans. Pourquoi s’en offusquer ? C’est la philosophie qui sous-tend déjà la légalisation de l’avortement et la procréation médicalement assistée. Les deux faces de la même médaille.