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Jean-Marie Le Mené : « Vincent Lambert n’est pas en fin de vie »

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23 Juin 2014 Jean-Marie Le Mené : « Vincent Lambert n’est pas en fin de vie »

Le rapporteur du conseil d’Etat a recommandé vendredi de cesser l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert, en état pauci-relationnel depuis un grave accident survenu en 2008. Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune – qui publie un « Manuel euthanasie » – analyse cette préconisation.

 

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Le rapporteur du conseil d’Etat a recommandé vendredi de cesser l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert, en état pauci-relationnel depuis un grave accident survenu en 2008. Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune – qui publie un « Manuel euthanasie » – analyse cette préconisation.

Comment réagissez-vous à la recommandation du rapporteur public du Conseil d’Etat ?

C’est tout de même la première fois depuis longtemps qu’une formation juridictionnelle en France est confrontée aussi directement à la suppression d’une vie humaine. Le commissaire du gouvernement (c’était son appellation jusqu’en 2009) requiert la mort ! Rien que cela ! Il se prononce contre le maintien en vie de Vincent Lambert. Il recommande qu’on arrête de l’alimenter et de le nourrir artificiellement, c’est-à-dire qu’on le fasse mourir de faim et de soif. Il se trouve que le rapporteur public demande l’application de la loi Léonetti qui assimile faussement des soins qui sont toujours dûs à des traitements devenus inutiles et qu’on peut arrêter sans problème éthique. Cela s’appelle de l’euthanasie.

Vous dénoncez un débat idéologique qui ne prend plus en compte l’intérêt du malade, en l’occurence Vincent Lambert. Pourquoi ?

On est dans un débat qui est surtout juridique et technique. Est-ce que la loi Léonetti peut être interprétée au point de permettre l’euthanasie par suppression de l’hydratation et de la nutrition ? Est-ce que l’état de santé de Vincent Lambert peut être assimilé à une vie végétative qui serait moins précieuse qu’une autre ? En vérité personne n’est capable de dire ce que ressent et vit exactement Vincent Lambert . Mais il est certain qu’il vit puisqu’on propose de lui donner la mort ! Or, justement, aucune loi ne devrait permettre de donner la mort à qui que ce soit, parce qu’en faisant cela nous sommes à la fois juge et partie. Quant à ceux qui répètent à satiété que les parents de Vincent veulent garder leur enfant en vie au motif qu’ils seraient des « catholiques traditionnalistes », c’est une ignominie !

Quelle solution préconisez-vous face à la situation de Vincent Lambert et aux positions antagonistes des siens ?

Salomon, dans un jugement célèbre, a donné raison à ceux qui défendent la vie des plus fragiles. Il serait présomptueux de revenir sur une sagesse trois fois millénaire. Ce sont donc les parents de Vincent qui ont raison, bien sûr ! Nous n’avons jamais eu de moyens aussi performants pour soulager la souffrance et aider à vivre. En l’occurrence, Vincent Lambert n’est pas en fin de vie. Qui peut dire le contraire ? Qui prétend savoir ? Quelle minorité veut encore imposer sa loi à une majorité ?

Nous sommes en train de bâtir une société totalement inhumaine où la vie est un matériau à gérer et où la vie gênante est un matériau à jeter. Vincent a le droit de vivre et la société a le devoir d’aider sa famille. Et si le législateur s’abstenait de faire des lois ambiguës, le juge ne serait pas tenté de prononcer ce genre de sentence de sinistre mémoire.

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