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Comment la Fondation vit-elle sa rentrée ?

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06 Oct 2015 Comment la Fondation vit-elle sa rentrée ?

L’éditorial de Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune – Twitter : @jmlemene

Notre métier, c’est d’accueillir en consultation des patients à qui nous offrons le bénéfice d’un demi-siècle d’expérience clinique et la poursuite des recherches scientifiques en vue de les guérir. Dans la fidélité à ce que faisait le Pr Jérôme Lejeune.

Cette tâche qui consiste à s’intéresser à des pathologies qui sont d’autant moins à la mode qu’elles sont détectées avant la naissance, ne passionne pas les foules. Pourtant, bientôt, l’évolution des mœurs, la performance des technosciences, l’appétit des laboratoires et la lâcheté des gouvernements mettront, sous les yeux de toutes les mères, le génome des enfants qu’elles portent, en leur disant de décider : la vie ou la mort. Elles auront donc à poser des actes, par définition, inhumains. Et quand ces choix leur paraîtront trop difficiles, la médecine s’en chargera. Comme l’écrit le Pr Jacques Milliez, c’est la société qui choisira pour eux, dans le sens de l’élimination des imparfaits, obéissant à ce qu’il qualifie lui-même sans en être choqué d’« ordre établi ».

La Fondation n’est pas de taille à lutter contre cette déferlante qu’on appelle le transhumanisme, une utopie technologique, nourrie d’eugénisme et d’intérêts financiers, qui remplace la sélection naturelle par la sélection artificielle. La seule chose que nous pouvons faire, est « d’accrocher des réalisations à contre-pente », pour reprendre l’expression de Philippe de Villiers. L’activité médicale et scientifique de la Fondation est une de ces réalisations à contre-pente. C’est une « œuvre de civilisation ». Il y va de notre avenir de promouvoir une médecine qui soigne et non pas une médecine qui trie et qui élimine. La générosité des donateurs en est l’unique garantie. Grâce à eux, nous ne sommes pas seuls. Qu’ils en soient infiniment remerciés !

Mais le plus exigeant pour la Fondation, comme pour d’autres compagnons de route, est de descendre de l’éther où la pensée dominante nous isole. Non seulement, chaque jour, il faut se battre pour les enfants trisomiques, les embryons humains ou les patients en fin de vie mais, chaque jour, il faut s’expliquer dans un monde où l’erreur s’appelle la vérité, le mal s’appelle le bien et la mort s’appelle la vie. Nos sociétés ont profondément changé. Les mots n’ont plus le même sens. Nos évidences ne sont plus celles des générations montantes ni même de beaucoup de nos contemporains. L’humilité des maîtres a cédé à l’expérience changeante des témoins.

Un ordre nouveau s’est installé où le mépris de l’homme n’est pas porté par un Etat autoritaire mais par un marché séducteur. La tâche est passionnante, mais immense, de retisser les fils de la raison et du cœur pour que l’homme ait encore la conscience de son irréductible valeur.

En cette rentrée, je songe à la phrase prémonitoire de Bernanos en 1947, dans La Liberté pour quoi faire ? : « Toute la puissance technique de l’univers est destinée à passer ainsi, tôt ou tard, entre les mains de l’organisation économique la plus puissante et la mieux outillée. La civilisation totalitaire et concentrationnaire se sera refermée sur vous. Il faut se hâter de sauver l’homme, parce que demain il ne sera plus susceptible de l’être, pour la raison qu’il ne voudra plus être sauvé ».

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