Sur les bords du lac d’Annecy, tous les soirs, Constantin demande à sa maman le programme du lendemain : « on va à la musique ? On va skier ? Mes soeurs seront là ? On va à l’école ?… » Il aime que tout soit à sa place. C’est comme ça et avec son éternel sourire jusqu’aux oreilles qu’il parvient à contourner les difficultés quotidiennes de sa trisomie 21.
Constantin est une petite célébrité dans la cour de l’école. Depuis trois ans, ce grand garçon de 10 ans est en CLIS. Ses parents redoutaient un peu le changement d’école et de cadre : passer d’une classe maternelle avec une AVS à disposition pour lui tout seul à un cursus en CLIS, il y avait en effet de quoi s’inquiéter. Cela a été de courte durée tant l’enthousiasme de Constantin a balayé toutes les petites difficultés sur son passage. Il arrive en courant dans l’école en annonçant bien fort son entrée dans la cour.
Il a raison puisque tout le monde l’attend, lui, « le » Constantin de l’école. Ils ont tous été conquis par ce garçon rieur et il n’est pas rare qu’on le reconnaisse dans la rue quand il se promène avec sa maman. C’est une telle mascotte que sur les bords du lac d’Annecy, les autres enfants viennent jouer au ballon avec lui, en congédiant les petites soeurs de Constantin d’un « mais vous ne le connaissez pas, c’est le Constantin de notre école ».
Parce qu’en plus d’être mascotte de son école, il est le grand frère attentif de trois soeurs qu’il soigne comme tout grand frère qui se respecte à coups de taquineries, de blagues et de gros câlins. Les deux dernières ne semblent d’ailleurs pas faire grand cas de la trisomie 21 de leur aîné. C’est leur grand frère, rien d’extraordinaire à ce qu’il leur pique leurs jouets juste parce que ça le fait rire. Blandine, elle, 8 ans, est tout à fait consciente du « petit truc en plus » de son frère. Ils sont tous les deux très proches et ont partagé beaucoup de choses grandissant un peu « comme des jumeaux » dirait leur maman. Ensemble à la maternelle, Blandine n’hésitait pas à défendre son grand frère dans la cour de récréation quand les remarques de leurs petits camarades se faisaient trop brutales. Si l’affection pour son frère ne s’est jamais démentie, elle éprouve parfois une grande colère devant les difficultés quotidiennes de la trisomie 21. Elle en parle avec des mots d’enfants à ses parents qui, patiemment, expliquent encore que tout ça est de la faute de la maladie de Constantin qui rend tout un peu plus compliqué pour lui. « On aime tous beaucoup Constantin mais on n’aime pas du tout sa maladie » : le discours du Professeur Lejeune appliqué à la cour de récréation.
Cette maladie, les parents de Constantin l’ont découverte deux jours après sa naissance. Si le choc a été rude, sa maman explique que ces deux jours ont été pourtant leur plus grande chance : « Ces 48h sans la trisomie m’ont aidée à poser sur notre fils un regard d’amour inconditionnel. Nous avons appris à le connaître sans sa trisomie 21 ». Et ils ont constaté très vite que ce petit garçon ressemblait de façon troublante à son papa. Le même goût pour le tennis et les jeux de balle, cette envie d’aller toujours plus vite sur ses skis, ce côté un peu « geek » et surtout, surtout… la nette préférence pour les jeux dans la cour de récréation par rapport aux leçons !!!
« Ce petit chromosome en plus n’enlève rien à ce qu’est notre enfant. Cet enfant ne nous est pas étranger ». Et quand Clotilde voit Constantin taquiner ses soeurs ou foncer tout seul comme un grand sur les pistes son éternel sourire accroché aux lèvres, elle se dit que oui, il n’y a aucun doute… c’est bien le fils de son père !
Portait tiré de la lettre 97 de la Fondation.