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Dans la nuit de lundi à mardi, les députés ont refusé d’étendre le diagnostic préimplantatoire (DPI) à la trisomie 21. Ils ont dit non au tri d’embryon en éprouvette sur leur caractéristique chromosomique. Agnès Buzyn, ministre de la santé, donnait déjà un bon signal en refusant de porter ce choix collectif de sélection et de tri, « qui nous emmènerait vers une société eugéniste sans le vouloir » expliquait-elle lors de son audition devant la commission spéciale bioéthique début septembre.
Mais il n’était pas certain que la majorité suive la position du gouvernement tant la pression des députés MODEM, appuyée par quelques députés LREM et socialistes, était forte. Leur objectif : empêcher toute naissance d’enfant trisomique conçu par FIV avec DPI. Leur argument repose sur la surenchère du dépistage de la trisomie 21 qui s’effectue durant la grossesse en France depuis 20 ans et de son résultat : 96% des bébés diagnostiqués trisomiques 21 est éliminés. Le raisonnement est eugéniste : ils considèrent que la vie d’une personne trisomique ne mérite pas d’être vécue.
Mais hier soir, cette logique eugéniste, pour une fois, n’a pas eu gain de cause. Hier soir, le tout diagnostic n’a pas gagné. Hier soir, c’est l’humain qui s’est révélé, dans un débat, un vrai débat qui a pu libérer la parole pour une vraie inclusion des personnes fragiles : celle qui commence avant la naissance comme l’a si bien dit Thibault Bazin (LR – Meurthe-et-Moselle) :
« La vraie inclusion je pense c’est de reconnaître pour ces futurs enfants plus ou moins déficients […] la valeur de leur vie avant leur naissance. De les accueillir et de les accompagner, en tous cas accompagner les familles qui accueillent ces enfants »
La cohérence de la politique d’inclusion des personnes handicapées a prévalu. Daniel Fasquelle (LR – Pas de Calais) l’a exprimé :
« Qu’est-ce que je vais dire à la maman de la petite Hélène qui est une enfant trisomique et qui se bat pour que sa fille, au-delà du primaire, aille au collège et cet enfant est aujourd’hui acceptée et ça se passe très bien […] Ca ne sert à rien de faire des grands discours sur l’inclusion à l’école et de se battre sur l’inclusion des enfants handicapés à l’école si ce soir on a un débat pour faire un tri absolument épouvantable pour faire en sorte qu’un jour il n’y ait plus d’enfant handicapé ».
C’est la puissance de l’humain qui l’a remporté pour le respect des plus vulnérables et particulièrement des personnes trisomiques 21. Blandine Brocard (LREM – Rhône) l’a exprimé avec force :
« A partir de quand on considère qu’on a le bébé parfait attendu ? » puis « On est pas dans la science, on est pas dans la rentabilité […] On est pas dans l’expérimentation, on n’est pas dans le bidouillage […] Pardon, on est en train de parler de l’humain ».
Or comme l’a relaté Mme Bénédicte Pételle (LREM – Haut de Seine) :
« En voulant supprimer toutes formes de fragilité et de faiblesse, on sacrifie ce que nous avons de plus beau, notre humanité ».
La puissance du marché n’a pas eu gain de cause hier soir comme l’évoquait Monsieur Brindeau (UDI – Loir-et-Cher) :
« Ce procédé médical nous permet quelque part de faire des économies [mais] il est parfaitement incohérent sur le plan philosophique et de l’humanisme ».
Les personnes trisomiques et leur famille ont été reconnues hier, et considérées. Leur droit au bonheur a été souligné :
« Il y a des souffrances, mais c’est aussi […] du bonheur, des sourires » décrit Mme Firmin (LREM – Seine Maritime).
La représentation nationale, dans toutes ses variantes politiques a dit NON à la « fabrique sur mesure, qui ouvre la porte à toutes les démesures » comme l’a mentionné Dominique Potier (socialiste – Meurthe et Moselle), a dit NON « à ces amendements qui sont finalement eugénistes » comme l’a conclu Patrick Hetzel (LR- Bas Rhin)