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Dernier tour de passe-passe contre l’embryon

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06 Avr 2016 Dernier tour de passe-passe contre l’embryon

De plus en plus de médias et responsables politiques s’inquiètent du risque des manipulations du génome humain via la nouvelle technique de ciseaux génétiques CRISPR-Cas9. Dans son éditorial de la dernière Lettre de la Fondation Jérôme Lejeune (n°97), Jean-Marie Le Méné, révèle le « dernier tour de passe-passe contre l’embryon ». Aussi dangereux qu’une paire de ciseaux affûtée.

 

« Le gouvernement vient de réussir une manœuvre assez inquiétante s’agissant de l’embryon humain. Mais la Fondation Jérôme Lejeune, qui assure une veille bioéthique quotidienne, s’en est aperçue et a réagi. Il y a un an, par décret du 11 février 2015, était créé un nouveau régime de recherche sur l’embryon. Ce décret précisait que, dans le cadre d’une procréation médicalement assistée (PMA), une recherche pouvait être menée sur les gamètes destinés à constituer un embryon ou sur l’embryon in vitro avant son transfert à des fins de gestation.

C’était méconnaître que ces dispositions, hautement contestables, permettaient de créer des embryons pour la recherche (et non pas seulement d’utiliser des embryons surnuméraires) et de les implanter, ce qui n’est pas autorisé par la loi. Il était évident que le décret était dépourvu de base légale. La fondation a donc déféré le décret du 11 février 2015 devant le Conseil d’Etat en demandant son annulation pour illégalité. L’affaire n’a pas encore été jugée mais, par définition, le Conseil d’Etat ne pourra que donner raison à la fondation, trop tard malheureusement.

En effet, entre temps, le Conseil d’Etat avait prévenu le gouvernement et lui avait recommandé de donner une base légale à son nouveau régime de recherche sur l’embryon seulement institué par un dispositif réglementaire. D’où l’introduction discrète par le gouvernement d’un amendement sibyllin dans la loi santé pour couvrir l’illégalité du décret. De son côté, la fondation avait informé les parlementaires qui découvraient le problème. Comme il fallait s’y attendre, cet amendement de couverture législative, parfaitement abscons, a été voté en cinq minutes, avant validation de la manoeuvre par le Conseil constitutionnel qui n’a rien trouvé à redire sur ce tour de passe-passe.

Désormais, la grossesse est donc entrée dans le champ de l’expérimentation. L’implantation utérine « expérimentale » est envisagée. On accepte l’éventualité du développement in utero d’un enfant dont la viabilité ou la normalité sera compromise.

Il y a encore plus grave. Non seulement ces manipulations pourront être destructrices de l’embryon, ce à quoi nous sommes hélas habitués, mais elles pourront aussi donner lieu à des corrections génétiques dans le but d’« augmenter » l’embryon. Car, comme par hasard, cette nouvelle transgression est contemporaine du feu vert donné par la Grande Bretagne aux interventions sur la lignée germinale (gamètes), c’est-à-dire aux modifications du génome transmissibles aux générations futures par l’utilisation d’un outil au nom barbare : le CRISPR-Cas9.

La complaisance des institutions françaises pour les « illégalités fécondes » nous fait faire un pas de plus vers ce transhumanisme que j’ai dénoncé dans mon nouveau livre.

Pourtant, la convention d’Oviedo, que la France a ratifiée, interdit à notre pays d’accepter des modifications du génome sur les cellules germinales et les embryons humains. Elle est le seul instrument juridique contraignant pour protéger les droits de l’homme dans le domaine biomédical. La fondation entend bien la faire respecter par notre pays. »

Jean-Marie Le Méné,

Président de la Fondation Jérôme Lejeune

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