Depuis des années il a été remarqué que des personnes atteintes de trisomie 21 développaient plus fréquemment que les autres un certain type de cancer des cellules sanguines (la leucémie lymphoblastique aigüe LAL). Aucune explication n’avait encore permis d’en comprendre les raisons jusqu’à ce jour. Une étude publiée dans la revue Nature (ref) change la donne.
Depuis des années il a été remarqué que des personnes atteintes de trisomie 21 développaient plus fréquemment que les autres un certain type de cancer des cellules sanguines (la leucémie lymphoblastique aigüe LAL). Aucune explication n’avait encore permis d’en comprendre les raisons jusqu’à ce jour. Une étude publiée dans la revue Nature (ref) change la donne.
Des chercheurs anglais ont permis, à travers la recherche sur la trisomie 21, de démontrer l’implication de gènes présents sur le chromosome 21 dans le développement de la LAL. Cette étude permet d’envisager, dans les années à venir, des essais cliniques thérapeutiques pour lutter contre ce type de cancer.
Analyse des souris modèle de trisomie.
L’étude s’est déroulée en 3 étapes : la première a analysé des souris ayant des gènes surnuméraires, des souris appelées « modèle de trisomie ». Les chercheurs se sont focalisés sur les cellules sanguines (un type de cellule appelé « cellule B ») à l’origine de la leucémie. Ces cellules B, chez les souris modèle de trisomie, se développent de manière anormale et incontrôlable, signant une leucémie.
En analysant ces cellules B, les chercheurs ont observé qu’elles produisaient de manière anormale certaines protéines (appelée « PRC2 »). Ces protéines sont à l’origine de la prolifération des cellules B. Prolifération problématique, les cellules B n’ayant pas atteint leur stade de développement normal.
Recherche des liens entre les personnes atteintes de trisomie et la leucémie.
La deuxième étape du programme portait non plus chez la souris, mais chez l’homme. Les chercheurs ont comparé l’influence de nombreux gènes impliqués dans la production de protéines PRC2 dans deux groupes de populations (l’un composé de personnes trisomiques, l’autre de personnes ordinaires). En comparant des milliers de gènes, les chercheurs ont constaté un regain anormal d’activité de ceux qui stimulent la croissance et la division cellulaire des cellules B dans le groupe de personnes atteinte de trisomie. La présence du chromosome surnuméraire est donc à l’origine du développement de cette forme de leucémie.
A la recherche du gène responsable de la division cellulaire.
La troisième phase de recherche a consisté à essayer d’identifier le gène responsable de cette division cellulaire anormale des cellules B. En isolant chez la souris modèle de trisomie les différents gènes surnuméraires, les chercheurs ont découvert le rôle du gène HMGN1 dans la prolifération des cellules B. Ils ont constaté que ce gène avait un rôle essentiel dans la prolifération de ces cellules : En l’« éteignant », les chercheurs ont constaté que les cellules B arrêtaient leurs proliférations.
Conclusion de la recherche et espoirs à venir.
Cette étude a permis de comprendre l’implication de la trisomie dans le développement du type de cancer LAL : la surexpression du gène HMGN1, impliqué dans la division des cellules B, conduit à une prolifération et à une division de ces cellules qui ne sont pas encore parvenues à leur pleine maturité.
En étudiant le fonctionnement de la trisomie, cette étude permet donc d’ouvrir dans les années à venir des projets de recherche thérapeutiques pour vaincre les leucémies lymphoblastiques aigües. Si aucun traitement n’est encore disponible afin d’inhiber l’expression du gène HMGN1, elle ouvre néanmoins des champs d’espoirs important afin de vaincre ce type de cancer, qui touche toute la population, atteinte de trisomie ou non. La recherche de la trisomie est au service de toute la société !
réf. : Andrew A Lane et al. Triplication of a 21q22 region contributes to B cell transformation through HMGN1 overexpression and loss of histone H3 Lys27 trimethylation. Nature Genetics 2014.