Edito de Jean-Marie Le Méné de la lettre de la Fondation N°131
Si la chose est encore possible, comment maltraiter davantage les Français ? Accablés par une vie politique autoritaire, moralisatrice et punitive, par une fiscalité débridée, des services publics défaillants, des menaces grandissantes sur l’énergie, les transports, la sécurité, la santé, le pouvoir d’achat… La liste est longue. Et, depuis tant et tant d’années, les Français, courageusement, supportent. Alors, pourquoi ne pas leur changer les idées ? Dans une sorte de récréation d’un goût douteux qui donne l’illusion d’entrer dans le monde d’après, cette défunte promesse électorale. En édifiant des monuments à LA mort. Pas des monuments AUX morts qui rendent hommage aux vies offertes par générosité. Fi de cette ringardise ! Des monuments à LA mort qui s’enorgueillissent des vies volées par l’égoïsme de la modernité. Toute la machinerie idéologique est mobilisée pour sanctuariser ce symbolisme inversé. D’une part en inscrivant l’avortement dans la Constitution et d’autre part en faisant voter une loi autorisant l’euthanasie. Sublime mise en abyme. Chatoyant effet miroir. Après avoir autorisé les parents à tuer leurs enfants très jeunes, il n’est que justice de laisser les enfants tuer leurs parents très vieux.
Après avoir autorisé les parents à tuer leurs enfants très jeunes, il n’est que justice de laisser les enfants tuer leurs parents très vieux.
Dans une sorte de bienveillante réciprocité dès lors que « donner la mort par amour » est devenu une prescription recommandable, un témoignage de fraternité, une radieuse émancipation. Quelques étourneaux préposés aux idées vagues nous chuchotent à l’oreille que l’avortement et l’euthanasie n’ont rien à voir. C’est tout le contraire ! L’euthanasie est une conséquence, un aboutissement, un triomphe de l’avortement. A telle enseigne que refuser l’euthanasie est perçu comme une forme sournoise de sacralisation de la vie, de nature à menacer l’avortement. Cet inéluctable enchaînement a été exprimé au plus haut niveau de l’Etat. D’où la nécessité de graver le meurtre de l’enfant à naître dans le marbre des nouvelles Tables de la Loi. Peut-être me trouverez-vous moyennement optimiste ? Il n’en est rien. Je souhaiterais simplement qu’à l’épreuve des 800 000 familles françaises sommées annuellement de choisir si elles laisseront ou non la vie à leur enfant qui s’annonce, ne s’ajoute pas l’épreuve de devoir répondre explicitement aux injonctions visant à mettre un terme plus rapide à la vie de leurs parents qui s’éteint. Comment ne pas rendre la vie odieuse à nos descendants ! Chers amis, vous ne trouverez guère, hors la Fondation Jérôme Lejeune, d’analyse plus dérangeante du mal qui nous ronge depuis bientôt cinquante ans. Le soutien concret et enthousiaste – mais paradoxal – de la Fondation à la vie qui ne mérite plus d’être vécue aux yeux du monde est aujourd’hui la seule réalisation à contre pente capable de résister à la tristesse de la barbarie devenue ordinaire.
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