« Nous refusons une civilisation des forts qui s’autorisent à supprimer le fragile ». Dans une tribune publiée par Le Figaro, 110 personnes touchées par le handicap, la maladie ou l’âge s’opposent à la légalisation de l’euthanasie.
Le 27 juin dernier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, relayée et soutenue par la Fondation Jérôme Lejeune, 110 citoyens répondent au Manifeste de 109 personnalités en faveur de la légalisation de l’euthanasie publié par L’Obs en mars dernier. Ces 110 signataires, directement touchés ou confrontés à la maladie, au handicap ou au grand âge, anonymes, refusent « la légalisation d’un droit à mourir à la demande, parce qu’il finira par s’imposer à nous comme un devoir de mourir ».
Parmi elles, Jeanne Got, 43 ans est infirme moteur cérébral mais surtout épouse, mère et ingénieure. « Ces discussions autour de l’euthanasie me retournent, explique-t-elle. Moi qui aie fait plusieurs fois l’expérience d’être rejetée, enfant battue à cause de mon handicap, je ne peux pas me détourner de la conviction que c’est moi que cette loi vise en premier ». Une telle loi serait « un échec : ce n’est pas mourir dignement », déclare Véronique Pommeret, 57 ans, atteinte de la maladie de Charcot. Elle dit haut et fort qu’« on ne se débarrasse pas de personnes encombrantes comme d’un jouet cassé, trop vieux ou inutile » avant d’ajouter : « C’est la solitude et le sentiment d’être inutile et encombrant qui ôtent le désir de vivre ». Monique Killemayer, 70 ans, qui lutte depuis l’âge de 30 ans contre une ataxie de Friedriech a « signé sans retenue ce Manifeste. (…) Je me dis que nous avons déjà beaucoup à lutter, pour nous faire accepter, aider, consoler, aimer… Il nous faudra en prime lutter contre la tentation d’en finir ». Elle dénonce « le fossé qui sépare les puissants et valides qui préconisent la loi, face à des personnes fragiles qui se battent pour se faire reconnaître et vivre ». Elle rappelle que « la communauté humaine a besoin des deux : forts et fragiles en interdépendance » et elle interroge : « D’ailleurs, où est la limite ? »*.
Parmi les signataires, six sont porteurs de trisomie 21. La Fondation Jérôme Lejeune rejoint leur extrême préoccupation et elle s’inquiète : Le Manifeste des 110, contre la violence de l’euthanasie et d’un droit de mourir. Le début de la vie des personnes porteuses de trisomie 21 est déjà menacé ; qu’en sera-t-il de leur fin de vie quand nombre d’entre eux est à risque de développer précocement une maladie d’Alzheimer ?
Supprimer l’interdit de tuer qui fonde la civilisation et le « vivre ensemble », c’est briser le contrat de confiance qui unit les humains entre eux. C’est aussi considérer la dépendance comme un poids inutile alors que l’humanité est une chaine dont chaque maillon est essentiel. A travers sa mobilisation Tout mais pas ça !, la Fondation rappelle que la mort n’est pas un soin, que l’euthanasie conduit notre société à un déni d’humanité. L’urgence est ailleurs : il faut développer et valoriser l’accompagnement et les soins palliatifs.
* Témoignages recueillis par la revue Ombres et Lumière, « Pourquoi j’ai signé le Manifeste des 110 » ?
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