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Film « 24 Wochen » : l’implacable destin d’un fœtus atteint de trisomie 21

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09 Nov 2016 Film « 24 Wochen » : l’implacable destin d’un fœtus atteint de trisomie 21

Pour information, cet article raconte la fin du film.

Le film commence sur un écran noir, quelques bruits ténus, étouffés. Sur cet écran, quelques formes colorées s’animent, de plus en plus nombreuses, jusqu’à le remplir. Comme la vie qui du noir vient à la lumière, à la couleur.

C’est l’histoire ordinaire d’un couple de quarantenaires que propose le film allemand « 24 wochen¹ ». Il était diffusé en avant-première en France à l’occasion du festival du cinéma allemand organisé du 5 au 11 octobre à Paris. L’histoire « banale » de monsieur et madame « tout lemonde ». Celle qui pourrait arriver aujourd’hui à n’importe qui.

Dans le milieu du café-théâtre, soutenue par son compagnon et imprésario Markus, Astrid est l’étoile qui monte. Enceinte de six mois, elle en joue sur scène jusqu’au jour où l’échographie révèle que le bébé qu’elle porte est atteint de trisomie 21.

Toutes les questions sont posées à travers le cheminement du couple, filmé presque jour après jour, de façon extrêmement réaliste. De temps à autre, de très belles images du bébé bien formé qui bouge dans le ventre de sa mère. Aucune équivoque, c’est bien un enfant, un petit humain qui grandit.

Quand le médecin échographe révèle la trisomie et entrouvre la possibilité de l’avortement, Astrid se rebiffe, révoltée. Avec Markus, ils vont aller à la rencontre de jeunes adultes trisomiques et à l’issue d’une soirée mémorable, Astrid dit simplement : « J’ai pensé qu’on pouvait l’appeler Karl » et Markus répond : « Je pensais plutôt à Moritz ».

Mais cette décision courageuse qui les rend heureux, va subir les coups de boutoirs successifs des professionnels de santé et leurs proches qui accueillent froidement la nouvelle ; des médecins qui noircissent l’avenir et qui, les premiers, les invitent à remettre en cause leur décision quand une malformation cardiaque est détectée un peu plus tard ; de la propre mère d’Astrid qui leur recommande l’avortement  « puisque maintenant c’est possible… ».

Astrid et Markus vont alors visiter un service de soins intensifs en néonatologie. Si Markus espère, constate que les enfants s’en sortent, Astrid ne s’arrête qu’à leur souffrance. Le couple se délite. Quand ensemble, ils font face au gynécologue, Markus  défend leur décision commune, une de plus parmi toutes les décisions qu’ils ont déjà prises ensemble. La gynécologue rappelle que « selon la loi », c’est à la femme de choisir. Markus prend Astrid à témoin mais elle esquive et affirme qu’il s’agit bien de sa décision à elle. A ce moment-là, l’histoire bascule. Avec beaucoup de justesse, le film montre alors que l’isolement de la femme scelle le sort du bébé. Astrid est désormais la femme toute puissante qui porte le devenir de l’enfant. Et en même temps, parce qu’elle s’est affranchie de la force protectrice de l’homme, elle est incapable d’affronter seule l’ambivalence de ses sentiments, d’échapper à la spirale qui l’entraine inexorablement vers l’avortement. De son côté, tout au long du film, Markus apparait comme impuissant face à la femme qui décide et qui agit finalement de façon très égoïste. Jusqu’aux dernières images, il ne lui est accordé qu’un droit à l’abnégation.

¹ 24 semaines qui sera présenté en France sous le titre « 24 weeks », un film de Zohra Berrached. Le film présenté au Festival de Berlin a reçu le prix des cinémas allemands d’art et d’essai.

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