Edito de Jean-Marie Le Méné de la lettre de la Fondation n°133 - mai 2023.
Etant admis que tout se tient dans l’évolution des mœurs, alors que l’Etat se prépare à condenser nos vieux jours en articulant un départ à la retraite avec une mise en œuvre de l’euthanasie, suivie d’un compostage humain (proposition de loi à l’Assemblée nationale n°794 du 31 janvier 2023), je vous invite à méditer un autre événement qui se déploie sur un temps plus long et tinte différemment à nos oreilles.
Il est relatif à la tentative d’un juge fédéral du Texas de suspendre l’autorisation de mise sur le marché américain de la pilule abortive RU 486 inventée par le Français émile Baulieu. Le juge avait été saisi par une coalition de médecins et d’associations médicales qui reprochaient à l’autorité de santé des Etats-Unis d’avoir « outrepassé ses prérogatives » en autorisant, il y a 23 ans, l’utilisation de cette pilule pour provoquer des avortements médicamenteux (53 % des IVG), « alors que la grossesse n’est pas une maladie ». S’ajoute à cela que, depuis la pandémie du COVID, les femmes peuvent recevoir cette substance par la poste pour un avortement à domicile…
"Mettre « l’avorteur disponible à tout moment » est un danger redoutable pour nos civilisations"
Jérôme Lejeune
Ce nouveau feuilleton judiciaire fait fureur aux Etats-Unis, mais aussi en France. En effet, le Pr Lejeune avait été le grand pourfendeur de la pilule RU au moment de sa publicité par le Pr Baulieu. Dans un débat télévisé homérique de 1988 (Duel sur la 5) le Pr Lejeune avait dit : « Lorsque cette pilule va être fabriquée industriellement, toutes les règles d’utilisation dont on parle aujourd’hui passeront comme totalement inappliquées. Et ce qui va se passer et ce qui est le danger redoutable, c’est que des femmes qui se portent bien, qui sont enceintes, aient dans leur table de nuit trois comprimés. Et le jour où elles auront un peu de déprime, où elles auront vomi parce que c’est le début de la grossesse, où elles seront angoissées parce qu’il y a des difficultés, qui sera là ? Personne. Elles ouvriront le tiroir, prendront les trois comprimés dans la table de nuit et l’enfant sera perdu. Je dis que de proposer de mettre « l’aiguille à tricoter chimique dans la table de nuit », de mettre « l’avorteur disponible à tout moment » est un danger redoutable pour nos civilisations. Et qu’on n’a pas le droit de le faire, ce n’est pas de la médecine ». Il avait ajouté : « C’est très exactement un toxique spécifique, je dirai que c’est le premier pesticide antihumain (…) On va le faire à des quantités industrielles et il y a une énorme affaire d’argent là-dessous, chacun le sait (…) ». A la question posée aux téléspectateurs : « Lequel des deux débatteurs vous a paru le plus convaincant ? », les résultats avaient donné : Pr Baulieu 35,67 %, Pr Lejeune 61,99 %, sans opinion 2,32%.
Depuis la révolution sexuelle des années 60 jusqu’au wokisme, les Etats-Unis anticipent parfois nos désordres. Et rien ne dit que la justice américaine parvienne à interdire la pilule abortive. Mais espérons que l’éveil de la conscience à l’aube de la vie humaine soit annonciateur de débarquements triomphants d’outre-Atlantique dans une Europe moribonde.
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