Directeur international de la recherche et du développement de la Fondation et de l’Institut Jérôme Lejeune depuis le printemps 2013, le docteur Valérie Legout livre aux lecteurs de la Lettre de la Fondation son parcours professionnel, ses convictions et sa vision scientifique.
Directeur international de la recherche et du développement de la Fondation et de l’Institut Jérôme Lejeune depuis le printemps 2013, le docteur Valérie Legout livre aux lecteurs de la Lettre de la Fondation son parcours professionnel, ses convictions et sa vision scientifique.
Docteur, quel a été votre parcours jusqu’à présent ?
J’ai une formation de médecin et suis par conséquent profondément ancrée dans la problématique clinique. C’est pourquoi, à mon sens, tous travaux de recherche doivent avoir pour finalité le bénéfice du patient. C’est ce qui me guide constamment.
Depuis des années, je travaille au développement de molécules, en particulier pour le système nerveux central, c’est-à-dire pour les pathologies qui touchent le cerveau comme la dépression, l’Alzheimer, Parkinson, les accidents vasculaires cérébraux, etc. Dans ce vaste domaine, mon sujet plus précis est celui des maladies génétiques rares, orphelines de traitement. J’ai notamment mis à disposition un produit traitant les troubles de la mémoire, produit dont j’ai aussi mis en valeur l’efficacité à soulager des enfants souffrant d’une pathologie musculaire gravissime, d’origine génétique, orpheline de traitement jusque-là.
La découverte de l’efficacité inattendue de ce traitement sur cette maladie a été le fruit d’une collaboration au service des patients. J’ai toujours favorisé les interactions entre les équipes de chercheurs car, la recherche ne peut résulter que d’une collaboration transversale
Qu’est-ce qui a motivé votre décision de rejoindre la Fondation Jérôme Lejeune ?
La trisomie 21 comme les autres maladies génétiques de l’intelligence correspondent clairement à ce qu’on appelle un « besoin médical non couvert ». Et on connaît, en l’occurence, l’urgence particulière qu’il y a à répondre à ce besoin. Malheureusement, pour différentes raisons, la recherche sur ces maladies est oubliée des pouvoirs publics et, en conséquence, non valorisée, notamment auprès des chercheurs. La Fondation Jérôme Lejeune, la première dans le monde en terme de budget consacré à la recherche thérapeutique dans ce domaine, m’a paru être la meilleure structure pour apporter ma pierre à l’édifice. Je suis heureuse de mettre à disposition mon savoir-faire en développement de molécules, mise en place de processus industriels et ma connaissance du système nerveux central, le cerveau étant naturellement au centre de la problématique de la déficience intellectuelle.
En quoi consiste précisément votre responsabilité au sein de la Fondation ?
J’assume la responsabilité d’un poste nouvellement créé, celui de Directeur international de la recherche et du développement. Ma mission est de coordonner l’ensemble des travaux de recherche de la Fondation en France, en Europe et aux états Unis et de développer les synergies entre les équipes. Il est en effet indispensable de travailler avec toutes les équipes ayant les mêmes objectifs, en mettant en place des partenariats.
C’est ce qu’on appelle la recherche « translationnelle ». J’insiste beaucoup là-dessus parce que je crois vraiment que plus on a de cerveaux, plus on a de chances de succès !
Vous avez la conviction que l’on pourra un jour traiter la trisomie 21 ?
Oui, je suis intimement convaincue que l’on peut arriver à améliorer les capacités cognitives des personnes atteintes de trisomie 21… autrement je ne serais pas là ! Avec la Fondation, l’Institut et tous les chercheurs qui nous rejoignent, nous voulons trouver le moyen de rendre le patient capable de mieux interagir avec son environnement. Nous améliorerons ainsi sa qualité de vie, et son bien-être. Au-delà même des patients et de leur famille, cela sera évidemment un bienfait pour la collectivité. Ce n’est pas la santé pour la santé, c’est bien au-delà : c’est la santé pour la personne et la société !