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Interview de Marie-José Villaret : “Accompagner et construire un passage vers l’âge adulte”

Evénement
11 Sep 2014 Interview de Marie-José Villaret : “Accompagner et construire un passage vers l’âge adulte”

« Accompagner et construire un passage vers l’âge adulte », sera le thème de l’intervention de Marie-José Villaret, qui interviendra lors de la Journée des Parents le 20 septembre prochain. A cette occasion, elle répond à nos questions.

photo MJ

« Accompagner et construire un passage vers l’âge adulte », sera le thème de l’intervention de Marie-José Villaret, qui interviendra lors de la Journée des Parents le 20 septembre prochain. A cette occasion, elle répond à nos questions.

1. Comment les personnes atteintes de déficience intellectuelle avancent-elles vers l’âge adulte ?

Chez les personnes atteintes de déficience intellectuelle, aucun parcours de vie n’est identique. La plupart du temps, c’est un jeu de rencontres et du hasard entre les familles, leur entourage et le monde du handicap que ce soit à travers les institutions, le monde médical ou associatif, sans compter la région de France dans laquelle on habite.

La première étape intervient selon moi à 16 ans autour de questions qui lancent une réflexion. Quelle formation suivre ? Travailler ou non ? Quelles activités, quels loisirs choisir ? Evidemment tous les choix ne sont pas ouverts. Au-delà des souhaits des personnes déficientes intellectuelles, le choix (ou non choix) des familles entre en jeu, les regards et propositions des professionnels qui ne sont pas toujours dans le registre de l’écoute de l’autre, de la compréhension, des échanges constructifs. A 18 ans, nous sommes en principe dans l’âge adulte mais, pour la MDPH, un jeune peut toujours être accueilli en établissement «Enfants» où justement se prépare l’orientation vers le monde adulte, entre-deux parfois délicat selon les institutions. Entre 18 et 20 ans selon les établissements, l’envol se fait (accueil jusqu’à 20 ans – plus avec l’amendement Creton) vers un accueil en établissement adulte ou famille. C’est en général le moment le plus anxiogène : le temps presse, les familles sont inquiètes, l’espoir d’une vie «normative», la plupart du temps, s’en va et les doutes sont d’autant plus grands que les familles ne sont souvent associées qu’en fin de processus d’orientation et valident alors ce dernier sans avoir eu tous les éléments nécessaires à la prise de décision.

2. Quels sont les points de convergence et de divergence avec les personnes qui n’ont pas de déficience intellectuelle ?

Le tâtonnement, la question du choix se posent de manière identique chez les personnes sans déficience intellectuelle, dans une tranche d’âge également semblable. Cependant les expériences diverses leur facilitent la construction du choix (on peut s’inscrire à la fac une année, changer l’année suivante, commencer un CAP, bifurquer ensuite). Une personne déficiente intellectuelle dispose de moins d’outils, les essais, stages par exemple, exigent temps et dossier administratif. Or, l’orientation dans une structure spécialisée ne peut, dans sa réalité, être aisément expérimentée. D’autre part, les caractéristiques des personnes avec une déficience intellectuelle, (besoin d’être mis en confiance, lenteur, projection dans le futur difficile) interrogent la question du choix : est-ce leur vrai choix de vie ? Est-ce pour faire plaisir ? Quelle est la part de l’influence de l’entourage ? Comment être sûr de bien comprendre ?

3. L’entourage est-il suffisamment préparé à ce passage ? Quelles propositions feriez-vous pour faire progresser professionnels et familles dans le domaine ?

Chacun, parents, professionnels, associations, doit associer ses efforts pour faire émerger l’expression des attentes et besoins de chaque personne concernée. Le regard de tous est indispensable pour croiser, confronter les informations qui amènent une connaissance réelle du jeune adulte. En effet, comment aider à construire un choix de vie sans une connaissance et une évaluation approfondie des besoins et capacités de cette personne, sans outils partagés ? La première question que l’on se doit de traiter est «de qui parle-t-on ?» si l’on veut apporter une réponse pertinente à la deuxième : «quelle place cette personne cherche-t-elle dans la société afin qu’elle, mon enfant, trouve le bien-être?»


JCIJL : Journées Cliniques Internationales Jérôme Lejeune 2014

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