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De plus en plus souvent, la question de la dignité des personnes avec une trisomie 21 est portée devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Celle-ci vient de condamner la Pologne dans une affaire qui opposait une femme polonaise souhaitant avorter de son enfant porteur de trisomie 21 à son pays.
En janvier 2021 en Pologne, le
diagnostic d’une trisomie 21 est annoncé à une femme enceinte. Celle-ci prend
alors la décision d’avorter de son enfant porteur de trisomie 21. La Pologne le
permettait par sa loi de 1993 mais l’interdit depuis une décision de la Cour
Constitutionnelle de 2020 : la maladie ou le handicap ne peuvent plus
devenir un critère discriminant de naissance, rappelant par-là que toute vie,
quelle que soit sa fragilité ou sa déficience, possède une valeur intrinsèque
inaliénable. La femme enceinte, se voyant refuser l’IMG en Pologne, se rend dans
une clinique privée aux Pays-Bas pour avorter. Mais elle dépose une requête devant
la Cour européenne des droits de l’homme contre son pays.
Le 14 décembre dernier, la CEDH a
rendu son jugement dans cette affaire. La CEDH considère que la décision de la
Cour Constitutionnelle de 2020 (qui bannit l’avortement pour cause de handicap)
n’est pas valide, à cause d’un problème de nomination des juges. Il ne reste
donc que la loi de 1993 (qui permet l’IMG), toujours en vigueur. C’est ainsi
que – empêcher la femme enceinte d’avorter son enfant porteur de trisomie 21 –
alors que la loi le permet, constitue une violation de l’article 8 « Droit
au respect de la privée et familiale ». La Pologne est condamnée.
Si la CEDH rappelle que
« l’article 8 ne peut être interprété comme conférant un droit à
l’avortement » (§94), sa décision stigmatise les personnes porteuses de
trisomie 21 et contrevient à l’article 14 de la Convention qui dispose que nul
ne peut faire l’objet d’une discrimination en raison de son handicap.
Marina Casini, présidente de la
Fédération européenne One Of Us [1] s’interroge : « Tôt ou tard, les pays occidentaux finiront
par être mis face à leurs contradictions : comment accepter l’avortement
eugénique quand on est attachés aux droits de l’homme ? La vie d’un bébé
porteur de handicap n’a-t-elle aucune valeur ? Toute vie handicapée mérite
d’être valorisée comme valant la peine d’être vécue. Il est nécessaire de respecter les droits fondamentaux de tous les
individus, et reconnaître la valeur de chaque personne, indépendamment de sa
condition génétique ».
Deux juges de la Cour ont émis une
opinion dissidente : « Dans une
société démocratique, une approche plus inclusive devrait être privilégiée et
cette diversité génétique devrait être perçue non comme une menace mais comme
une possible source d’enrichissement ». Ils ont exprimé leurs regrets
concernant cette condamnation de la Pologne par la CEDH : « Le présent jugement contribuera à renforcer
les préjugés contre la classe extrêmement vulnérable des personnes atteintes de
trisomie 21 et à les stéréotyper négativement comme un fardeau pour leurs
familles ».
[1] ONE OF US / UN DE NOUS est une Fédération européenne
d’associations unies pour la vie et la dignité humaine. Elle réunit 50
associations pour la défense de la vie, dont la Fondation Jérôme Lejeune pour
la France. Des députés européens en font également partie.
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