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La médecine qui fait grâce

Jean-Marie Le Méné
Actualités
Éditorial
10 Oct 2023 La médecine qui fait grâce

La Fondation s’engage contre une loi qui autoriserait une aide médicale à mourir. Jean-Marie Le Méné, son président, réaffirme les exigences d’une médecine qui « fait grâce ».

Nous avons peut-être retenu de nos livres d’histoire que tout se répète et se résume dans le combat apparemment sans fin entre la vie et la mort. Comme l’écrivait Victor Hugo : 

« Tout ce qui pense, vit, marche, respire, passe, 

Va, vient, palpite, naît et meurt, demande grâce ». 

L’histoire de la médecine n’échappe pas à cette loi. Les patients demandent grâce, la médecine, à la mesure de ses moyens, est là pour la leur accorder. « Quand la nature condamne, le rôle de la médecine n’est pas d’exécuter la sentence mais d’essayer de commuer la peine » disait le Pr Jérôme Lejeune.

On nous propose aujourd’hui de légaliser l’euthanasie. Je ne reviens pas sur les arguments militants. L’euthanasie c’est un homme qui tue un autre homme. Il n’y a pas d’autre définition. La mise en œuvre par un médecin est une circonstance aggravante puisqu’il commet un parjure. Parce que donner la mort est le contraire de son métier. Quant à la proposition de commencer par le suicide assisté, il s’agit d’une version allégée pour rassurer les hésitants. Le suicide assisté n’est en rien un moindre mal. La responsabilité morale est la même pour le soignant qui accepte de tendre la cigüe à son patient.

A la suite des combats de Jérôme Lejeune pour défendre chaque instant de la vie, nous continuons à promouvoir cette médecine hippocratique, c’est-à-dire qui fait grâce. Une disposition – banale autrefois mais originale aujourd’hui – qui figure dans les statuts de la Fondation. En effet, nous avons aussi des raisons concrètes de nous inquiéter pour les patients de l’Institut Jérôme Lejeune, porteurs d’un handicap mental et vieillissants.

L’euthanasie est à la fin de la vie ce que l’avortement est au début, la correction par la mort des injustices de la nature. L’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), fer de lance des promoteurs de l’euthanasie, puise son idéologie dans l’eugénisme anglo-saxon « réhumanisé » de l’après-guerre. Pour ces mouvements « progressistes », la vie humaine est un matériau à gérer, sans affect, dès lors qu’un être faible, malade, handicapé ou en fin de vie, n’est plus une personne aux yeux du monde. L’euthanasie des indésirables étant pratiquée au début de la vie, elle a toutes les chances de l’être à la fin. C’est ainsi que la fondatrice et théoricienne de l’ADMD en France, Odette Thibault (1920-1987), avait écrit dans son livre La maîtrise de la mort paru en 1975, que « tout individu ne possédant plus ces facultés [intellectuelles] peut être considéré dans un état sous-humain dans le cas du débile profond ». « Dès lors, beaucoup d’individus sont des morts[1]vivants bien avant la fin de leur vie orga[1]nique ». « Prolonger cette déchéance est, à mon avis, une des plus grandes atteintes qu’on puisse porter à la dignité humaine ».

Je ne peux m’empêcher de terminer avec Victor Hugo :

« Vous le tuez ? Pourquoi ? Trouvez-vous bon qu’enfin

Le crime et la justice aient la même figure ? » 

L’une des tâches les plus urgentes est de faire en sorte que le bien et le mal ne soit pas des alternatives de même valeur, ce qui rend la vie en société « invivable », au sens propre du terme.

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