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L’Avvenire : La « loi bâillon » sur l’avortement

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16 Déc 2016 L’Avvenire : La « loi bâillon » sur l’avortement

 

La « loi bâillon » sur l’avortement

De Gian Luigi Gigli, Député italien, Président du Mouvement pour la Vie

Avortement: les effets de la norme liberticide adoptée à Paris

Si une telle loi était adoptée en Italie

 

Sauf changements inattendus de la part de la Commission mixte paritaire (en charge d’étudier les différences entre le texte voté par l’Assemblée nationale et le Sénat), quiconque s’opposera désormais à l’avortement en France risquera deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. L’avortement en France a été légalisé en 1975 et il est gratuit depuis 1982. En 1993, la loi Neiertz réprime le délit d’entrave à l’Ivg. Puis la loi du 4 juillet 2001 a transformé l’avortement en droit. Avec la loi du 1 août 2014, le délit d’entrave à l’IVG est étendu à toute action visant à bloquer l’accès à l’information sur l’avortement.

Comme l’affirment fièrement près de 200 députés signataires dans le rapport, avec cette nouvelle proposition de loi,  vous pouvez désormais affirmer que ceux qui persistent à donner des informations aux femmes, en particulier sur Internet, les « induisent délibérément en erreur » par rapport à la « vérité de l’Etat » concernant l’avortement. L’Etat propose en particulier de bloquer les sites qui offrent des numéros verts pour obtenir des renseignements ou qui se réfèrent à des centres de conseil et d’aide, sous prétexte que ces sites « induisent en erreur celles qui surfent sur Internet » et qui veulent une « information fiable et objective » (comme celle que donne soi-disant l’Etat).

Sur la base de ces considérations, la nouvelle proposition de loi punit les personnes qui,  par tout moyen, en particulier sur Internet, exercent « des pressions morales et psychologiques, des menaces ou tout acte d’intimidation à l’encontre des personnes cherchant à s’informer sur une interruption volontaire de grossesse».

Si une loi semblable passait en Italie, nous devrions fermer « SOS Vie », la structure ouverte 24 sur 24, 365 jours par an, qui écoute les femmes en difficulté à travers un numéro vert et sur Internet. Nous devrions également fermer le site « mpv.org », comme le site « prolife.it ». Nous devrions fermer les pages Facebook et les comptes Twitter de ces organismes. Mais surtout, les 12.000 bébés nés grâce aux options proposées par le « Mouvement pour la Vie » ne seraient jamais nés. En fait, nous devrions aussi fermer les 350 autres « Centres d’Aide à la Vie » qui travaillent sur le territoire national, puisque les encouragements incitant à garder le bébé pourraient être qualifiés de « pression psychologique et morale ». En un mot, la voix de quiconque qui aurait une vision différente de celle de l’Etat serait réduite au silence, ainsi que celle de quiconque qui proposerait une alternative à l’avortement aux femmes enceintes en difficulté.

La transposition de cette proposition de loi en Italie nous aide à comprendre la portée de cette loi liberticide. Comme l’a rappelé le Président de la Conférence épiscopale de France, elle met en cause les fondements mêmes de l’État libéral, et en particulier la liberté d’expression qui « ne peut être à plusieurs vitesses suivant les sujets ».

Cette proposition de loi crée également un précédent dangereux pour la liberté d’expression sur Internet, et pour la liberté de conscience. Si l’égalité a toujours été un mirage et la fraternité un simple appel  à « abreuver nos sillons d’un sang impur », la liberté de l’hymne célèbre, elle aussi, disparaitrait avec cette « loi-bâillon ». Les principes démocratiques sont réduits à la pensée unique d’un Etat totalitaire, pensée extensible à d’autres questions importantes sur le plan éthique, comme aux lois contre l’homophobie par exemple. En plus de la liberté démocratique, la liberté des femmes qui comptent avorter  est humiliée, puisque l’accès aux informations est la base d’un choix pleinement libre et éclairé. En effet, cette nouvelle proposition de loi interdit aux femmes désirant s’informer sur l’Ivg l’accès à toute information autre que celle compatible avec le relativisme moral de l’Etat laïque, imitant ainsi  la désinformation de l’époque soviétique.

Si la proposition de loi des socialistes français qui remet en cause le droit fondamental de la liberté d’expression était définitivement adoptée, on inoculera à  la société européenne un virus aussi dangereux que les murs que certains veulent ériger entre les Etats, et qui rend désormais l’air irrespirable Europe. Ce serait le dernier cadeau empoisonné du pire président de la cinquième République française. Si nous ne voulons pas que, tôt ou tard, cette graine prenne racine en Italie, il est temps que la protestation de ceux qui aiment la liberté se lève.

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