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L’enfant trisomique : symbole sacrifié sur l’autel de l’eugénisme

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22 Fév 2018 L’enfant trisomique : symbole sacrifié sur l’autel de l’eugénisme

Interview de Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, dans Famille Chrétienne.
Le rêve d’un homme parfait touche particulièrement les spécialistes en « médecine reproductive » : pour traquer les handicaps et les maladies, il en viennent à éliminer les embryons atteints…

Vous dites que le transhumanisme influence déjà nombre de pratiques médicales. De quelle façon ?

Le transhumanisme vise l’arrivée d’un homme augmenté : dans sa longévité avec la mort de la mort, dans ses capacités intellectuelles avec l’intelligence artificielle, et dans ses capacités reproductives. Celles-ci impliquent de planifier des enfants conformes aux désirs des parents et aux projets de la société marchande. Aujourd’hui, faute d’avoir créé un homme augmenté, le transhumanisme se concentre sur l’élimination des hommes diminués. C’est plus simple.

On peut s’interroger sur cette « médecine reproductive » : que soigne-t-elle en réalité ? Elle exprime une volonté démiurgique d’avancer très vite dans le domaine technoscientifique en procédant à des essais d’homme. Elle est confrontée à un marché sans cesse renouvelé, car le désir d’enfant est puissant, il alimente un marché captif. Or, la procréation médicalement assistée est  transhumaniste, parce qu’elle est matérialiste, eugéniste, lucrative et qu’elle tend à changer la nature humaine.

Récemment, un homme de 69 ans a demandé à être père en utilisant ses gamètes congelés suite à une maladie, il voulait bénéficier d’une fécondation in vitro. L’Agence de biomédecine (ABM) a refusé, l’homme est allé en justice et a demandé le transfert de ses gamètes en Belgique, pays plus libéral. La cour administrative d’appel de Versailles lui a donné raison, et a condamné l’agence de biomédecine au transfert des spermatozoïdes. La justice française devient le vecteur de ces réponses folles, car rien dans la loi ne les interdit formellement. Le droit s’aligne sur les pratiques pour aboutir à des lois de consensus qui accompagnent ces dérives sans heurt. Il n’est plus au service de la justice mais du « progrès », tout ce qui le limite est très mal vu. C’est le triomphe du droit, mais la défaite de la justice.

Vous parlez d’un cas extrême ?

Sans aller jusqu’à cet exemple particulier, les réponses à la stérilité données par la médecine passent très vite par la procréation médicalement assistée, qui dépossède les parents de leur fertilité. Dans ce domaine lucratif, les médecins doivent faire tourner leurs services, ils programment des interventions, congèlent des gamètes, trient des embryons comme si ces actes étaient anodins… Ils vont bien au-delà de ce que la nature permet. Autant il est normal que la médecine aide à concevoir, autant il est grave qu’elle se substitue aux époux, ainsi que l’explique l’Église dans l’instruction romaine Donum Vitae, une déclaration prophétique sur le don de la vie. Trente ans après sa publication en 1987, on fabrique des embryons à trois parents sous le prétexte de traiter l’infertilité et de combattre des maladies mitochondriales, mais en acceptant de toucher à la lignée germinale, c’est-à-dire de modifier la descendance… Ce n’est pas de la science-fiction, cela se   produit en France dans une complète inconscience. La Fondation Jérôme Lejeune a d’ailleurs attaqué cette autorisation de recherche illégale devant la justice.

L’eugénisme caractéristique du transhumanisme ne se manifeste-t-il que par rapport à la trisomie ?

Non, c’est un mouvement général. Mais la trisomie 21 est caractéristique de ce qui se passe. Elle montre l’ambiguïté du dialogue entre la science et la conscience. Depuis des années déjà, le monde médical a tranché en décidant que les bébés trisomiques seraient éliminés, et effectivement 96 % d’entre eux le sont. Autre point non négligeable, le dépistage de cette malformation est celui qui rapporte le plus aux laboratoires. On vend des tests à toutes les futures mamans, et comme les femmes ont en général plusieurs grossesses, c’est très rentable ! À 350 euros le test, faites le calcul. Si l’on ajoute les coûts des autres tests plus classiques, on consacre tous les ans, en France, entre 350 et 400 millions d’euros à ce dépistage !

Le diagnostic pré-implantatoire des embryons fécondés in vitro est aussi marqué par cette volonté eugéniste. Avec moins d’affects, ce qui est encore plus grave, des techniciens opèrent leur sélection en laboratoires en toute discrétion. Et tout le monde trouve cela très bien.

 

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