Dans l’édition de Valeurs Actuelles du 11 février 2016, Anne-Laure Debaecker publie un entretien avec Jean-Marie Le Méné, dont l’ouvrage « Les premières victimes du Transhumanisme » vient de sortir en librairie. Jean-Marie Le Méné s’explique sur l’emploi du terme « transhumanisme » dans le cadre du dépistage de la trisomie 21.
Vous venez de publier un livre abordant une idéologie peu et mal connue : le transhumanisme. De quoi s’agit-il ?
Le transhumanisme nourrit beaucoup de fantasmes. Cette idéologie comporte cependant des attitudes nouvelles réelles, qui influencent un certain nombre de pratiques médicales. Elle repose sur deux principes : convergence et singularité. Selon le premier, quatre technosciences, les NBIC – nanotechnologies, biologie, informatique et sciences cognitives -, sont en synergie pour « augmenter » l’homme. Il ne s’agit plus de remettre l’homme en état mais d’accroître ses performances. Le second principe correspond à une sorte de grand soir où cette convergence va aboutir à un basculement de l’homme « amélioré » dans une espèce nouvelle. L’intelligence artificielle aura alors pris le pas sur l’intelligence humaine.
L’un des outils privilégiés de cette idéologie est l’eugénisme qui permet, faute de pouvoir faire des hommes « augmentés », d’éliminer ceux considérés comme « diminués ». Tri des gamètes, congélation des ovules, suppression des embryons défectueux… toute l’industrie procréatique est ainsi imprégnée de transhumanisme. Sur le plan philosophique, il s’agit d’une idéologie empreinte de matérialisme et de néodarwinisme : l’homme devient le propre architecte de son évolution qui le fera changer d’espèce.
Ce qui est également très structurant dans cette idéologie, c’est sa dimension lucrative. La mise en miettes de l’être humain, avec la possibilité de marchandisation des cellules, des données, du dépistage, forme une économie sans limites, car on arrivera toujours à vendre des fantasmes sur le vivant.
Lire l’intégralité de l’interview dans le numéro du 11 février de Valeurs Actuelles.