Est-ce le rideau du Temple qui se déchire ? Notre époque d’obscurité, de violences, de mensonges est parfois transpercée de rayons et d’éclairs. Tantôt c’est une lumière qui nous illumine, tantôt c’est une lumière qui nous accuse. Ainsi en est-il de celle qui nous enveloppe de sa douceur ou de celle qui sculpte la dureté de nos traits. Il est plus facile d’accueillir ce qui nous flatte et de refuser ce qui nous juge, mais il faut bien accepter que la même lumière nous éclaire sous des angles différents.
Le téléfilm de Stéphanie Pillonca Apprendre à t’aimer diffusé le 8 septembre dernier sur M6 et qui raconte la naissance d’une adorable petite Sarah, trisomique, remet lumineusement les pendules à l’heure. Simple, juste, vrai, le film ne tombe pas dans les bons sentiments ni dans les leçons de morale. La vie est la vie, un enfant est un enfant, trisomie ou pas. La réalisatrice n’escamote pas les difficultés mais elle les traite avec un degré de sensibilité et d’intelligence rarement atteint à ce jour. Ainsi, quand le nouveau père, encore perturbé par cette naissance inattendue, évoque le préjudice de naître handicapé et un possible recours contre l’hôpital pour obtenir une indemnisation, il se fait vertement admonester par sa femme : « alors ta fille est un préjudice ? ». Ou encore cette dernière phrase du film qui conclut sur le bonheur retrouvé des parents et qui ruine la traque généralisée des enfants trisomiques : « c’était mieux qu’on ne le sache pas ! ».