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Levez-vous vite, orages désirés !

Éditorial
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01 Déc 2020 Levez-vous vite, orages désirés !

Est-ce le rideau du Temple qui se déchire ? Notre époque d’obscurité, de violences, de mensonges est parfois transpercée de rayons et d’éclairs. Tantôt c’est une lumière qui nous illumine, tantôt c’est une lumière qui nous accuse. Ainsi en est-il de celle qui nous enveloppe de sa douceur ou de celle qui sculpte la dureté de nos traits. Il est plus facile d’accueillir ce qui nous flatte et de refuser ce qui nous juge, mais il faut bien accepter que la même lumière nous éclaire sous des angles différents.
Le téléfilm de Stéphanie Pillonca Apprendre à t’aimer diffusé le 8 septembre dernier sur M6 et qui raconte la naissance d’une adorable petite Sarah, trisomique, remet lumineusement les pendules à l’heure. Simple, juste, vrai, le film ne tombe pas dans les bons sentiments ni dans les leçons de morale. La vie est la vie, un enfant est un enfant, trisomie ou pas. La réalisatrice n’escamote pas les difficultés mais elle les traite avec un degré de sensibilité et d’intelligence rarement atteint à ce jour. Ainsi, quand le nouveau père, encore perturbé par cette naissance inattendue, évoque le préjudice de naître handicapé et un possible recours contre l’hôpital pour obtenir une indemnisation, il se fait vertement admonester par sa femme : « alors ta fille est un préjudice ? ». Ou encore cette dernière phrase du film qui conclut sur le bonheur retrouvé des parents et qui ruine la traque généralisée des enfants trisomiques : « c’était mieux qu’on ne le sache pas ! ».

Il approche le temps où les grands ordonnateurs du crime moderne crieront vers le ciel : « nous avons mis à mort des innocents ! »

Pendant ce temps, la machine de guerre en faveur de l’avortement déploie son arsenal depuis des semaines et jette une lumière crue sur une réalité qu’on ne veut pas voir. A tel point que des journalistes et des intellectuels, venant d’horizons variés, peu suspects de conservatisme, découvrent, semble-t-il avec horreur, que l’avortement tue ! « 9 mois c’est trop tard  !  » s’écrient-ils en chœur pour dénoncer la disposition votée à l’Assemblée dans la nuit du 31 juillet et maintenant soumise au Sénat. On serait tenté d’applaudir. Mais par quelle étrange pudeur oublient-ils que, depuis l’origine, la loi Veil permet déjà l’avortement jusqu’à neuf mois ? Des enfants handicapés il est vrai, mais serait-ce moins grave ? Et que c’est en stricte application de la loi de 1975 que 97 % des enfants dépistés trisomiques sont avortés. Comme s’il était commode de reporter à demain un drame qu’on n’a pas le courage de dénoncer depuis 45 ans. Et puisque nous en sommes aux révisions déchirantes, au fait, pourquoi serait-il trop tard d’avorter à neuf mois ? Est-on plus mort quand on meurt plus tard et moins mort quand on meurt plus tôt ? La malice de l’avortement n’est pas dans le calendrier.
Il approche le temps où les grands ordonnateurs du crime moderne crieront vers le ciel : « nous avons mis à mort des innocents ! ». Des innocents aux dix millions de visages inconnus. Depuis près d’un demi-siècle. L’équivalent des pertes françaises de sept fois la Première Guerre Mondiale. « Levez-vous vite, orages désirés ! »

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