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Luca Volontè, le député italien à l’initiative du dépôt d’une résolution anti-eugéniste au Conseil de l’Europe.

Bioéthique
02 Sep 2012 Luca Volontè, le député italien à l’initiative du dépôt d’une résolution anti-eugéniste au Conseil de l’Europe.

Pourquoi avoir pris l’initiative de cette résolution : « combattre l’eugénisme et les discriminations envers les personnes handicapées » ?

Luca volontePourquoi avoir pris l’initiative de cette résolution : « combattre l’eugénisme et les discriminations envers les personnes handicapées » ?

Les personnes handicapées font l’expérience de la discrimination dans leur vie quotidienne. Elles sont perçues, traitées différemment, et considérées comme inférieures.

Plus fondamentalement, dans nos sociétés, certaines personnes handicapées souffrent de la généralisation d’un nouveau préjudice : celui de l’idéologie eugéniste, qui considère leur existence comme une erreur médicale lorsque leur handicap est décelable avant la naissance.

Le dépôt de cette résolution se justifie d’autant plus qu’actuellement, devant la Cour européenne des droits de l’homme, une femme lettone, dans le cadre de l’affaire Krüzmane contre Lettonie, revendique que l’accès au diagnostic prénatal et à l’élimination des fœtus handicapés puisse être considéré comme un droit de l’homme (cf ci-contre). Une telle reconnaissance aboutirait à reconnaître l’eugénisme comme un droit fondamental.

Qu’est-ce qui justifierait l’adoption d’une telle résolution au niveau européen ?

Le droit européen et international a régulièrement condamné l’idéologie eugéniste depuis le procès de Nuremberg. Ainsi, selon l’article 10 de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, « les États parties réaffirment que chaque être humain a le droit inhérent à la vie et devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa jouissance effective aux personnes handicapées, sur la base de l’égalité avec les autres personnes. »

D’autres normes internationales et européennes, telles que la déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme, la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, ou la convention d’Oviedo, contiennent des dispositions similaires. Mais la situation de nombreux pays européens exige de réactualiser cette préoccupation. En effet, dans plusieurs pays, plus de 90% des fœtus diagnostiqués comme porteurs de la trisomie 21 sont éliminés.

L’eugénisme est devenu une réalité dans les pays où le dépistage prénatal est devenu systématique, ce qui conduit à la stigmatisation et à la discrimination des personnes handicapées, en particulier celles qui sont atteintes de trisomie 21, et de leur famille. 

Vous parlez d’eugénisme des personnes handicapées, mais les parents ne restent-ils pas libres de garder leur enfant, même diagnostiqué comme porteur de la trisomie 21 ?

à cause de la pression sociale causée par ces préjudices et par le manque d’informations, on ne peut pas dire que les parents soient libres de garder leurs enfants, lorsque ceux-ci sont diagnostiqués comme porteurs de la trisomie 21.

Les témoignages montrent que les familles qui décident de poursuivre la grossesse ne souffrent pas seulement des diverses formes de persécutions subies généralement par les personnes handicapées, mais aussi et surtout de l’incompréhension et du rejet de la société parce qu’elles ont décidé de respecter la vie de leur bébé.

Qu’attendez-vous de ce projet de résolution?

La table-ronde du 28 juin a permis de faire émerger le débat. Il faut maintenant inviter les Etats membres à adopter la résolution, qui les engagera à prendre des mesures visant à lutter contre l’eugénisme des personnes handicapées.

Gardons à l’esprit l’avertissement de G.K. Chesterton dans son livre Eugenics and other Evils : An Argument against the scientifically organized State*, nous exhortant à ne pas attendre que le mal arrive pour agir : « Il est plus sage de pousser des cris avant d’être blessé, que de pousser des cris après avoir été blessé, en particulier en cas de blessure mortelle (…). Il faut résister à la tyrannie avant son instauration. Rien ne sert d’affirmer, avec un optimisme béat, qu’on en a l’intention. Un coup de hache peut seulement être contré lorsque celui-ci n’a pas encore été porté. »

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