Ce matin la Haute autorité de santé (HAS) a rendu public le 2ème volet de son rapport relatif au nouveau test de dépistage prénatal de la trisomie 21.
Elle recommande que ce test « soit proposé à toutes les femmes enceintes dont le niveau de risque de trisomie 21 fœtale est compris entre 1/1000 et 1/51 à l’issue du dépistage par dosage des marqueurs sériques et précise que ce test « ne remplace pas le caryotype fœtal pour la confirmation diagnostique de trisomie 21 fœtale ».
La fondation Jérôme Lejeune souligne des points qui n’ont pas du tout ou pas assez été pris en considération, alors qu’ils sont essentiels :
1er point : l’urgence n’est pas d’éradiquer à 100 %, mais de mettre un terme à l’élimination en masse
La France, où déjà 96% des fœtus détectés trisomiques sont avortés, est un pays leader en matière d’élimination en masse des enfants trisomiques avant leur naissance.
Plus on dépiste, plus on élimine. C’est un fait : la généralisation du dépistage prénatal nous a rendus intolérants au handicap. Depuis 20 ans en France, le système de santé qui pousse à la détection prénatale des enfants trisomiques a développé les pratiques mais aussi les mentalités eugénistes.
La HAS souligne que dans les pays ayant développé le nouveau test, le nombre de fœtus détectés trisomiques a augmenté.
Puisque la détection prénatale conduit à l’élimination, l’insertion du nouveau test dans le système de santé va conduire à augmenter le nombre de bébés trisomiques supprimés.
A quel niveau d’anesthésie des consciences sommes-nous arrivés en France, pour que ce scandale ne soit pas pris en compte ?
2ème point : l’argument de la baisse du nombre d’amniocentèses est discriminant et eugéniste
L’argument du baisse du nombre d’amniocentèses est un argument de vente.
La fondation Jérôme Lejeune rappelle le caractère eugéniste de cet argument :
« Les médecins qui s’appuient sur l’argument selon lequel le nouveau test va diminuer le nombre d’amniocentèses servent un argument marketing, de nature à faire vendre, mais stigmatisant pour les personnes atteintes de trisomie 21. Ils justifient leur demande en invoquant une baisse des amniocentèses qui provoquent l’élimination d’enfants sains. Ils utilisent un argument eugéniste, qui tend à discriminer les « fœtus trisomiques » des « fœtus sains ». En valorisant la vie des enfants non atteints, à épargner grâce au test non invasif, ces médecins nient la valeur de la vie des enfants atteints de trisomie 21. Ce faisant ils activent une discrimination, ils délivrent un message de rejet violent aux personnes trisomiques et à leurs proches. » (Jean-Marie Le Méné, président de la fondation, in Les premières victimes du transhumanisme).
3ème point : le nouveau test développe angoisse et culpabilisation
L’insertion du nouveau test dans le système de santé ajoute une étape à l’ensemble du dispositif actuel : dépistage classique + nouveau test + diagnostic (ICI une INFOGRAPHIE pour comprendre). Il rallonge le processus.
Par ailleurs l’élargissement du seuil déterminant la catégorie « à risque » (hier 1/250 aujourd’hui 1/1000) va augmenter le nombre des couples qui seront angoissés.
Tous les tableaux du monde, les stratégies de dépistages et recommandations des sociétés les plus savantes devraient être relativisés face à cette réalité de l’angoisse des couples.
La fondation rappelle que le système impose aux femmes enceintes un choix culpabilisant. Quand elles apprennent que leur enfant est porteur de la trisomie 21 elles sont sommées de choisir entre éliminer leur enfant ou le faire naître (avec le risque de se sentir responsable du handicap).
Conclusion
La fondation Jérôme Lejeune est habituée à ce qu’en France, les responsables de la santé et les responsables politiques décident dans le sens du développement de la traque des enfants trisomiques avant leur naissance. Ce rapport de la HAS, précédé de la publication le 7 mai d’un décret le matérialisant, ne fait pas exception.
L’importance des trois missions de la fondation Jérôme Lejeune s’en trouve soulignée aujourd’hui :
- Développer la recherche à visée thérapeutique au bénéfice des personnes atteintes d’une déficience intellectuelle d’origine génétique
- Développer sa consultation médicale spécialisée pour ces patients et leur famille
- Être leur avocat en défendant leur vie et leur dignité