Alors que l’examen du projet de loi bioéthique débute ce jour au Sénat, un voile se lève enfin. Des voix se font entendre pour relever « l’enjeu anthropologique »1 qui se joue : la modification irréversible de notre espèce. L’article 17 du projet de loi bioéthique voté par l’Assemblée nationale supprime l’interdit de créer des embryons transgéniques. L’objectif est d’utiliser sur les embryons humains in vitro le ciseau génétique Crispr-Cas9.
La modification du génome humain sera désormais autorisée et ce en violation du droit international qui interdit de modifier le génome de la descendance2.
Le gouvernement pense rassurer en précisant que les embryons génétiquement modifiés ne seront pas implantés à des fins de gestation. Cette pseudo limite est une digue de papier.
A l’occasion de l’ouverture du débat au Sénat la fondation Jérôme Lejeune dénonce cette disposition aveugle de la nouvelle loi bioéthique en cours de discussion. Et ce d’autant plus que des chercheurs français expérimentent déjà en toute illégalité depuis plus de 3 ans la modification du génome d’embryons humains livrés à la recherche. Depuis mai 2016, des équipes parisiennes testent sur les embryons humains la technique dite de la fécondation in vitro (FIV) à trois parents3 avec l’autorisation complaisante de l’Agence de la biomédecine.
La Fondation Jérôme Lejeune a porté à la connaissance de la justice française cette autorisation de recherche. Le contentieux est en cours devant la Cour administrative d’appel de Versailles.
Découvrez l’expertise complète de la fondation sur la loi de bioéthique
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1 D’après une tribune d’un collectif de personnalités parmi lesquelles Dominique Bourg, José Bové et Jacques Testart publiée par le Monde le 15 janvier 2020, « Loi de bioéthique : « Nous ne voulons pas d’une humanité génétiquement modifiée ! » »
2 Article 13 de la Convention d’Oviedo
3 Cette technique repose sur un transfert de noyaux entre deux embryons. Elle aboutit à créer en laboratoire un embryon humain génétiquement modifié composé de trois ADN. L’ADN nucléaire du premier embryon est transféré dans l’enveloppe d’un autre embryon, énucléé. Il en résulte un embryon nouveau, conçu par les chercheurs, possédant l’ADN nucléaire de l’un et l’ADN mitochondrial de l’autre, et distinct génétiquement des deux premiers. Elle contrevient à la triple interdiction légale de créer un embryon pour la recherche, de recourir au clonage et de pratiquer la transgénèse.