A l’approche de l’examen en séance publique du projet de loi légalisant suicide assisté et euthanasie, la Fondation Jérôme Lejeune dénonce un texte intrinsèquement pervers et dangereux, en particulier pour les personnes porteuses de handicap, et appelle à un sursaut des consciences.
Pas de garde-fou possible pour un texte qui instaure un droit de tuer
Depuis la fin des travaux de la commission spéciale de l’Assemblée nationale, beaucoup de commentateurs se sont inquiétés de la suppression de « garde-fous » et de la remise en question d’un « équilibre ». Le texte du projet de loi amendé par les députés en commission est en effet plus permissif que sa version initiale : création d’un délit d’entrave, euthanasie des personnes ayant perdu conscience de manière irréversible via leurs directives anticipées, suppression de la notion de pronostic vital engagé « à court ou moyen terme », possibilité d’écourter le délai de réflexion de deux jours.
Loin d’en détruire l’équilibre, cette évolution révèle au contraire la véritable logique du projet de loi qui supprime l’interdit de tuer, seul garde-fou valable. Transgresser ce repère protecteur fondamental signifie par essence supprimer le principe (le respect de la vie humaine) et la limite (l’interdit de tuer).
Tuer, même peu, c’est déjà trop [1] . La destruction des limites est donc l’objet propre de ce projet de loi.
Les personnes vulnérables et porteuses de handicap, premières menacées
Vu l’amendement de ce projet de loi, qui aura davantage ouvert l’accès à la mort provoquée en cinq jours que ne l’ont fait en vingt ans les pays les plus permissifs, qui peut encore croire que les personnes porteuses de handicap resteront à l’abri de ce dispositif ? La commission a d’ailleurs rejeté un amendement proscrivant le recours à l’aide à mourir pour toute personne atteinte de handicap. Aux Pays-Bas, des personnes sont euthanasiées au simple motif de leur déficience intellectuelle ou de leur trouble du spectre autistique [2] .
En se permettant de légiférer sur ce qui est valable d’être vécu et ce qui ne l’est pas, en laissant entendre que la vulnérabilité et la souffrance rendraient indignes, le projet de loi stigmatise violemment les personnes porteuses de handicap. Il envoie un insultant message d’indifférence envers ceux à qui l’on désigne la porte de sortie, sans retenue et à peu de frais.
La Fondation Jérôme Lejeune exprime sa plus vive inquiétude pour l’avenir des personnes porteuses de handicap intellectuel d’origine génétique qu’elle accueille et qu’elle soigne. Survivants d’une sélection eugéniste qui peut aujourd’hui s’exercer jusqu’à l’heure de l’accouchement, ils seront demain victimes d’une pression sociale plus ou moins consciente et ouverte en faveur d’une euthanasie triant les individus « dignes » de vivre, ou de mourir.
La Fondation appelle tous les députés à se libérer des illusions mensongères véhiculées par des lobbies minoritaires, pour faire face à la grave responsabilité qui leur incombe de protéger la solidarité nationale et la vie des plus vulnérables.
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[1] Audition de Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Lejeune, à l’Assemblée nationale le 25 mai 2024.
[2] Une étude publiée en 2023 par la Cambridge University Press portant sur 1,5% des cas d’euthanasie sur l’année 2021-2022 a ainsi dénombré 39 euthanasies de personnes porteuses de déficiences intellectuelles ou de troubles autistiques, dont 8 au simple motif de ce handicap.
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Contact Presse :
Isaure Lenoan
+33 (0)6 47 95 66 60 – presse@fondationlejeune.org
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