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Psychiatrie : une spécialité indispensable pour les patients et leur famille

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07 Juin 2017 Psychiatrie : une spécialité indispensable pour les patients et leur famille

Depuis 7 ans, Eliane Milenko met ses compétences et son expérience de psychiatre au service des patients de l’Institut Jérôme Lejeune. Sa collaboration est précieuse et complète. Spécialiste du psychisme humain, en lien avec ses mécanismes biologiques sous-jacents, le médecin psychiatre diagnostique, traite et tente de prévenir la souffrance psychique et les maladies mentales. En tant que médecin, elle peut prescrire des médicaments, contrairement aux psychologues.

Le docteur Milenko ne reçoit pas seulement les patients atteints eux-mêmes de déficiences intellectuelles mais elle rencontre aussi leurs parents, les membres de la fratrie ou d’autres proches de leur entourage. « Cela est primordial pour obtenir une vision globale et réaliste des problèmes que rencontrent nos patients ». Elle travaille aussi au sein d’un Institut Médico-Educatif (IME) et reconnait que son rôle auprès des personnes ayant un handicap intellectuel est « une spécialité dans la spécialité ».

D’une nature douce et patiente, Eliane Milenko est véritablement passionnée par son travail et l’aide aux personnes en souffrance psychique et morale. Ces rendez-vous durent entre une heure et deux heures et sont renouvelés régulièrement. Humble et discrète, elle sait appréhender et analyser les raisons qui pourraient expliquer l’état ou les troubles de la personne. Il est également essentiel de s’assurer préalablement que ces troubles n’ont pas une origine somatique, telle qu’une douleur physique non verbalisée : « Nous recevons régulièrement des personnes avec une étiquette de « maladie psychiatrique », et le traitement correspondant, alors qu’il s’agit simplement des conséquences d’une douleur non identifiée et soignée, ou d’un problème de vue ou d’audition ! ».

Elle passe beaucoup de temps à écouter et sa préoccupation majeure est de prendre le recul nécessaire pour éviter les erreurs. On vient la consulter à l’Institut depuis toute la France mais elle n’hésite pas à laisser son numéro de téléphone portable lorsqu’après une première visite, il est plus pratique d’orienter certains patients vers un spécialiste local.

Beaucoup de parents viennent la voir pour leur enfant « en dernier recours ». Pour le Docteur Milenko, rien n’est jamais perdu mais il est toujours dommageable d’attendre. « La personne trisomique est toujours très sensible aux composantes matérielles et sensorielles du monde réel. La frontière entre ce qui l’entoure, ce qu’elle voit et son imaginaire est très souvent virtuel. Il est donc capital d’être particulièrement mesuré à son égard et prendre garde à tout ce à quoi on l’expose (lectures, conversations, fréquentations et événements divers) ».

Si Eliane Milenko devait donner un conseil phare aux parents d’un enfant trisomique, ce serait de privilégier en toute chose la confiance et la mesure depuis le plus jeune âge. Un des travers les plus répandus est de projeter sur son enfant des désirs trop ambitieux en le stimulant de manière excessive. Elle explique au contraire que « l’enfant doit aller à son rythme. Il est vital d’éviter de le faire courir après le rendement et l’autonomie. On lui évitera ainsi de souffrir, à plus ou moins court terme de décompensation ». En effet, le phénomène se résume au fait qu’un surplus de charges émotionnelles rend un jour ou l’autre la réalité insupportable.

L’enfant ayant une déficience intellectuelle peut aussi souffrir d’un grand mal-être si un professionnel ne l’aide pas régulièrement à faire le deuil des évènements symboliques de son quotidien (par exemple, le mariage d’une sœur qui quitte le cocon familial ou encore le permis de conduire que passe son grand frère…). Il est de surcroît nécessaire de travailler l’acceptation du handicap avec toutes les richesses que cela peut apporter. C’est un travail de thérapie.

Enfin, le Docteur Milenko tient à rappeler une réalité aussi encourageante qu’évidente. « La population des personnes porteuses de trisomie n’est absolument pas condamnée à souffrir systématiquement de décompensation.» Pour garder ou retrouver le cap du bien-être, il est évident que la consultation d’un psychiatre ou d’un psychologue devrait être plus répandue, dès l’annonce du diagnostic et tout au long de la vie, afin d‘intervenir davantage au plan préventif plutôt qu’en « dernier recours ».

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