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Quel espoir après la loi de bioéthique ?

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07 Sep 2021 Quel espoir après la loi de bioéthique ?

Edito de Jean-Marie Le Méné

L’optimisme en bioéthique est à l’espérance ce que la prostitution est à l’amour  : une illusion. La raison en est simple. La loi de bioéthique, qui est technique, n’a d’autre objet que de donner une sécurité juridique à de nouvelles manipulations de l’humain dans sa plus jeune expression. Or le propre de la technique est d’être efficace, pas de faire de la morale. Tout progrès technique étant présenté comme un progrès pour l’humanité, la cause est vite entendue. Seul ce qui va dans le sens du progrès est juste et toute résistance au progrès est injuste. Démonstration apportée lors du parcours de la dernière loi qui n’a admis aucune contradiction et s’est achevée par un nihil obstat du Conseil constitutionnel. Rien n’est contraire aux grands principes puisqu’il n’y a plus de grands principes.

Il échappe toutefois aux optimistes que les prétendues limites de la loi de bioéthique sont déjà franchies le jour même où elles sont votées. Soit parce qu’elles régularisent des pratiques illégales (la légalisation du transgénisme a été anticipée par l’autorisation de créer des embryons à trois parents), soit parce qu’elles sont immédiatement contournées (le tri des embryons trisomiques dans les PMA, en principe interdit, fait l’objet de deux autorisations de recherches), soit parce qu’elles préparent une évolution acquise dans les esprits (l’extension de la recherche sur l’embryon au-delà des 14 jours accordés par la loi est déjà une revendication). Je pourrais multiplier les exemples depuis 30 ans et je vous épargne le même raisonnement pour la GPA…

 

L’optimisme en bioéthique est à l’espérance ce que la prostitution est à l’amour : une illusion.

En bioéthique, les prédicateurs du débat apaisé et du dialogue fraternel sont des fossoyeurs de la dignité humaine. Quand il y va de la vie et de la mort des plus jeunes membres de notre espèce, par centaines, par milliers, par centaines de milliers, les échanges à fleurets mouchetés sont indigents. Un malentendu s’est installé chez certains qui crée une erreur de parallaxe. L’angle de vue n’est pas le bon. Ce qu’il faut refuser, ce n’est pas tel ou tel point dérangeant d’une loi de bioéthique, c’est la légitimité même d’une telle loi ! Il est surréaliste de discuter de l’engendrement des enfants des hommes comme on discute de la reproduction des oursins ou de la culture de cellules dans une boite de Pétri. S’il n’y a pas de différence de nature entre un embryon humain, un embryon de panda (dont on fait le plus grand cas) ou un bouturage de bégonia, alors cessons de nous plaindre de l’ensauvagement du monde. La collusion du scientisme et du marché ne se vainc ni par le débat ni par le dialogue. Il ne s’agit pas de déplorer d’interminables dérives mais de retrouver le cap1, ce qui exige des conversions déchirantes. Corriger les dérives si on a perdu le cap1 n’a aucun sens. Faut-il être marin pour le comprendre ?

Notre joie est le contraire de l’optimisme. Elle n’est pas d’espérer vainement du temps qu’il tienne les promesses de l’éternité. Notre joie est de mener le combat chaque jour pour remettre une rose des vents à la croisée des chemins.

1 du latin caput, capitis : la tête.
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