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Fiche technique

Le langage

La communication, et plus spécifiquement son versant verbal qu’est le langage représentent aujourd’hui les bases incontournables de toute intégration sociale. L’acquisition du langage est un des éléments essentiels à la reconnaissance de l’individu comme membre à part entière du groupe « société », et l’échec dans ce domaine est lourd de conséquences. Lorsque le problème est, de plus, abordé dans un contexte de handicap, l’enjeu n’en acquiert que plus d’importance.

1. Le développement du langage de l’enfant suit les trois étapes suivantes, communément acceptées

1.1 L’étape pré-linguistique où le langage verbal n’apparaît pas encore, mais pendant laquelle vont se développer bien d’autres aspects de la communication qui représentent les acquisitions de base nécessaires à l’installation ultérieure du langage.

1.2 La période du langage pendant laquelle vont se développer ses différents versants (lexical, syntaxique, etc.).

1.3 Le langage de l’enfant et de l’adolescent : période du développement langagier au-delà de l’âge de 5-6 ans. En faisant le parallèle avec l’évolution ordinaire, on notera d’emblée une latence des acquisitions chez l’enfant alors que la chronologie et la hiérarchie des acquis restent les mêmes.

1.1 Etape pré-linguistique

La communication est bien antérieure au langage. Dès les premiers mois de la vie vont apparaître les premiers échanges entre le bébé et son entourage. La notion de réciprocité voit le jour. C’est d’abord par le regard que le nourrisson interagit avec sa mère. Plus tard, viendront se greffer le sourire social, les mimiques, les réactions motivées aux bruits familiers, etc. Vers la fin de la première année, l’enfant accède à la phase embryonnaire du dialogue, par le jeu « je parle/j’attends une réponse/je parle à nouveau » avec l’adulte.

Pour sa part et pour le même âge chronologique, l’enfant sera un enfant calme, trop calme, peu réactif, au risque de fausser la relation affective avec l’entourage. Là encore, tout est question de temps. Le contact visuel ne sera effectif que vers la huitième semaine (un mois plus tard que prévu). L’enfant va commencer à initier les premières manifestations de communication avec ses parents vers l’âge de 5-6 mois et c’est après le septième ou huitième mois que l’on assistera aux véritables épisodes de contact visuel prolongé. Tout cela est essentiel à la reconnaissance et à la structuration du monde environnant. Ce sera l’origine de bien des retards cognitifs, notamment au niveau du vocabulaire. Quand à la phase pré-conversationnelle où l’enfant doit prendre conscience de la prise de tours dans l’interaction vocale avec autrui, elle n’apparaîtra que vers la seconde partie de la deuxième année.

Cependant, lorsqu’on analyse les premières productions sonores, on remarque que l’enfant babille et produit les redoublements de syllabes à l’âge normal. La chronologie de l’apparition des phénomènes sera également la même que pour l’enfant dit normal et ce, malgré les malformations organiques de la sphère buccale (allongement antérieur de la mâchoire, rétrécissement de la cavité buccale, aplatissement des angles de la mandibule, etc.) et la présence fréquente d’une hypotonie des muscles articulatoires.

Ainsi, le potentiel langagier de l’enfant est plus restreint. Il est donc nécessaire de pallier ces difficultés par une intervention plus efficace si menée précocement, afin de compenser au fur et à mesure les faiblesses faisant obstacle au développement du langage.

1.2 Etapes du langage

Les premiers mots apparaissent vers deux ans et demi, autrement dit avec un retard d’un an par rapport à la normale et le vocabulaire va évoluer lentement jusqu’à l’âge de quatre ans. Il s’agira alors de mots concrets en rapport avec le quotidien de l’enfant. On note surtout le manque de précision de ce lexique, un seul mot pouvant avoir plusieurs significations. Par exemple, « wa wa » désignera tous les animaux, ou « pom » pour tous les fruits, etc.

Vers quatre ans, si le vocabulaire est suffisant, on verra apparaître des combinaisons de deux ou trois mots pour ébaucher les premières phrases ainsi que les notions de localisation (là-bas), possession (à moi), présence/absence (y a plus, parti), qualité (sale), description et commentaire (chien mange), etc. A ce stade-là, le style est dit télégraphique. Cependant, il est primordial d’encourager au maximum ces productions verbales afin de mener l’enfant vers une communication efficace et pertinente.

Quant à l’aspect phonologique (ou articulatoire), il présente des défaillances importantes. Il faut d’abord rappeler le délai d’apparition des sons. Les consonnes constrictives telles que f/v, j/ch, ou s/z, seront longtemps incorrectes ou imprécises et dans les combinaisons des sons, plus le mot sera long, plus il sera difficile à réaliser. L’origine de ces difficultés est multiple : l’hypotonie musculaire des muscles articulatoires, le retard de maturation neuromotrice, sans parler des troubles souvent associés comme le déficit auditif.

Il ne faut surtout pas, à ce stade, se focaliser sur l’articulation au risque de bloquer la volonté de s’exprimer et de faire régresser le langage dans son évolution. Au fur et à mesure, la maturation et les exercices aidant, la qualité de l’articulation va continuer à s’améliorer jusqu’à atteindre, vers l’âge de douze ans, un plateau très satisfaisant même s’il ne correspond pas à la normalité.

1.3 Le langage de l’adolescent

On va assister à l’allongement progressif des énoncés verbaux ainsi qu’à leur relative complication. Cependant, dans l’ensemble, le langage de l’adolescent, puis de l’adulte, sera constitué de phrases de longueur moyenne avec peu de subordonnées. Les temps et les modes seront difficilement appréhendés. Spontanément, c’est le temps présent qui sera surtout privilégié. Là encore, il ne faut pas se fier aux apparences. La formulation sera simple, mais son contenu sémantique pourra être extrêmement riche et pertinent. Il faudra en tenir compte dans les échanges.

Notons que la compréhension du langage sera à l’image de sa production : le contenu du message sera bien assimilé en contexte, notamment si la situation a déjà été vécue ou visualisée et les phrases les plus courtes (nombre limité d’éléments) et les moins complexes formellement (peu de subordinations) seront les mieux comprises.

2. Aide et intervention

Comme nous l’avons vu, le développement spontané est caractérisé par une grande latence et une lenteur dans les acquisitions. Il faudra donc impérativement intervenir dans le processus de développement afin d’en optimaliser les perspectives. La démarche à suivre devra obéir à quelques règles essentielles.

2.1 La règle de base sera de commencer le plus tôt possible et de s’y tenir. Le travail sera d’autant plus efficace si l’entourage y participe intensément. L’orthophoniste et la famille auront pour rôle premier de stimuler le plus souvent possible l’enfant, pour l’aider à accéder aux notions caractéristiques de la phase pré-linguistique.

2.2 Il faut, au fur et à mesure, adapter ses énoncés au niveau linguistique atteint par l’enfant. Le langage simplifié à l’extrême n’aura pas de valeur enrichissante et les formules trop complexes, n’étant pas comprises, seront ignorées. Il faut donc moduler son discours en fonction des capacités de l’enfant et de son évolution.

2.3 Le feedback de l’adulte aux productions de l’enfant est primordial afin de lui donner constamment en exemple un environnement linguistique adéquat.

2.4 Le langage ne surgit pas du néant, il est le résultat d’une expérience de la réalité, de son analyse, de son assimilation. Plus on aidera l’enfant à découvrir cette réalité qui l’entoure, plus on développera et enrichira son langage.

2.5 Il faudra veiller à reprendre souvent les acquisitions antérieures afin de s’assurer que l’enfant les a bien assimilées, et qu’il est bien capable de les actualiser et de les utiliser à bon escient.

2.6 Il est important de définir les objectifs à atteindre et de les ordonner par degré de difficulté.

2.7 Enfin, en règle générale, et comme pour toute démarche éducative, l’évaluation progressive (tant quantitativement que qualitativement) est un outil incontournable pour une structuration de l’intervention.