La recherche de la Fondation Jérôme Lejeune
Programmes de recherche
La Fondation Jérôme Lejeune finance, initie et pilote des programmes de recherche à la fois fondamentale, translationnelle et clinique.
RECHERCHE TRANSLATIONNELLE
Professeur Yann Hérault – Institut Clinique de la Souris (ICS – IGBMC), Illkirch
Ce projet, lancé en 2014-2015, n’aurait pas été possible sans le concours de la Fondation Bettencourt Schueller. Son objet est de mettre au point un nouveau modèle génétiquement modifié permettant de mieux tester les futures molécules et ainsi de mieux apprécier les troubles de la cognition et de l’apprentissage. Cette recherche présente un intérêt dans le développement de traitement tant pour la trisomie 21 que pour la maladie d’Alzheimer. Le projet est toujours en cours.
Université de Bretagne Occidentale, Brest
Le projet de recherche CiBleS21 est un programme historique de la Fondation, né d’une intuition du Professeur Jérôme Lejeune, qui avait déduit de ses observations que le gène CBS était très probablement situé sur le chromosome 21 et impliqué dans le mécanisme de la déficience intellectuelle des patients trisomiques. Depuis le séquençage du chromosome 21 en 2000, son intuition se confirme : le gène CBS se trouve en effet sur le chromosome 21. En 2013, les résultats obtenus sur le modèle souris tripliquant la CBS ont fait l’objet d’une communication : ils démontrent pour la première fois le rôle joué par la surexpression de la CBS dans les défauts d’apprentissage liés à la trisomie 21. En 2011 et 2012, la Fondation a recherché sans succès des familles de molécules inhibitrices de la CBS efficaces, non toxiques et capables de passer la barrière hémato-encéphalique. Des publications récentes (2014) indiquent que des chercheurs américains sont sur la voie d’inhibiteurs de la CBS capables d’améliorer le traitement de certains cancers ainsi que des pathologies neurologiques. Cette découverte permet de rouvrir opportunément le dossier de laCBS en faveur des patients trisomiques. La Fondation poursuit son investissement sur l’exploration de ce gène CBS dans l’optique de mieux comprendre les conséquences de cette surexpression du gène au niveau des cellules.
RECHERCHE CLINIQUE
Professeur Mara Dierssen / Docteur Rafael de la Torre – Université de Barcelone (Espagne) & Docteur Cécile Cieuta-Walti – Institut Jérôme Lejeune
Grâce aux dons collectés en 2015-2016 et après 2 ans de travail préliminaire, l’étude PERSEUS a été lancée en France et en Espagne chez 60 enfants. Il s’agissait d’évaluer la tolérance ainsi que l’activité de l’EGCG (Epigallocatéchine Gallate), extrait du thé vert, chez des enfants trisomiques de 7 à 10 ans. Cette étude s’appuyait sur les travaux précédents, qui montraient que le gène DYRK1A était fortement impliqué dans la déficience intellectuelle des personnes trisomiques et que l’EGCG pouvait inhiber l’enzyme DYRK1A et corriger la déficience intellectuelle. Réalisée dans un premier temps chez des adultes de 18 à 30 ans, avec de premiers résultats intéressants sur la mémoire et le comportement (1), cette hypothèse a été testée chez les enfants, en particulier pour évaluer la tolérance au niveau hépatique et cardiaque. Appelée PERSEUS, « Pediatric Exploratory Research Study of EGCG Use and Safety », cette étude exploratoire franco-espagnole visait a étudier la tolérance de l’EGCG et rechercher des marqueurs d’efficacité.
Les données récoltées dans le cadre de l’étude ont été analysées et ont fait l’objet d’une publication scientifique. Ces résultats ont confirmé l’innocuité de l’EGCG à cette dose, bien tolérée par les enfants, mais n’ont pas montré d’amélioration significative des fonctions cognitives et adaptatives. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces résultats, détaillés dans l’article scientifique, et la réflexion se poursuit.
Ces résultats ne permettent donc pas de recommander l’administration de ce produit chez les enfants avec trisomie 21 pour améliorer les fonctions cognitives. Cette étude a néanmoins permis de progresser dans la connaissance de la cognition chez l’enfant porteur de trisomie 21, et ce qui sera utile pour de nouvelles études cliniques.
(1) Essai clinique TesDAD mené à Barcelone par l’équipe du Pr Mara Dierssen et du Dr Rafael de la Torre, et financé par la Fondation Jérôme Lejeune.
Docteur Clotilde Mircher – Institut Jérôme Lejeune
L’essai clinique réalisé à l’Institut Jérôme Lejeune chez des enfants trisomiques âgés de 6 à 18 mois a pour objectif d’évaluer si un apport en folates et/ou associé à un supplément d’hormones thyroïdiennes durant 12 mois améliore le développement psychomoteur des jeunes enfants. Le projet arrive dans sa phase finale, après 5 ans de travail. 175 patients auront été inclus. La fin de l’analyse est attendue en 2018 et la publication fera suite.
En savoir plus sur ACTHYF sur le site de l’Institut Jérôme Lejeune
Professeur Brigitte Fauroux – Hôpital Necker-Enfants Malades & Docteur Isabelle Marey – Institut Jérôme Lejeune avec les autres médecins de l’Institut
Le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) est défini par un nombre excessif d’arrêts ou diminutions de la respiration au cours du sommeil. Le SAOS perturbe le développement neurocognitif et comportemental des enfants. La prévalence de ce syndrome chez l’enfant porteur de trisomie 21 est de 30 à 50%, contre 2 à 4% dans la population générale. L’hypothèse de l’étude RESPIRE 21 est qu’un dépistage systématique et une correction optimale du SAOS pendant les 3 premières années de la vie des enfants porteurs de trisomie 21 amélioreront leur développement neurocognitif et comportemental. 80 enfants seront inclus dans le projet. L’étude est coordonnée par l’Institut Jérôme Lejeune et l’Unité de Ventilation Non Invasive et du Sommeil de l’Enfant de l’Hôpital Necker-Enfants Malades. La Fondation finance la totalité du projet.
Professeur Marie Sarazin – Hôpital Sainte-Anne, Saclay & Docteur Anne-Sophie Rebillat – Institut Jérôme Lejeune
Ce projet étudie les relations entre la protéine Tau et les plaques amyloïdes chez des patients ayant la maladie d’Alzheimer et chez des jeunes patients porteurs de trisomie 21 (10 patients), en recourant à différentes techniques d’imagerie (IRM) ainsi qu’à des techniques d’imageries performantes et spécifiques de la protéine Tau qui seront comparées à celles des patients atteints de maladie d’Alzheimer non porteurs de trisomie 21 et des patients sains d’un âge apparié. 10 patients de l’Institut sont en cours de recrutement pour cette étude depuis janvier 2018.
Le Consortium européen HORIZON 21 est composé de cliniciens européens spécialistes :
Docteur Juan Fortea – Fundació Catalana Síndrome de Down (Barcelone, Espagne) ; Docteur Antonia Coppus – Erasmus Medical Center (Rotterdam, Pays-Bas) ; Docteur Johannes Levin – Université Ludwig Maximilian (Munich, Allemagne) ; Docteur Andre Styrdom – University College London (Londres, Royaume-Uni) ; Docteur Anne-Sophie Rebillat – Institut Jérôme Lejeune
La trisomie 21 implique la surexpression du gène APP (Amyloid Protein Precursor), situé sur le chromosome 21. Chez les patients trisomiques, compte-tenu du chromosome surnuméraire, il y a surproduction de peptide amyloïde (APP), considéré comme à l’origine de la cascade d’évènements cellulaires et moléculaires conduisant à la neuro-dégénérescence au cours de la maladie d’Alzheimer. Passé l’âge de 40 ans, toutes les personnes porteuses de trisomie 21 présentent des lésions neuropathologiques de type Alzheimer. Cependant, tous les patients ne développent pas une démence. En clinique, le défi le plus important est d’évaluer les changements des capacités cognitives et d’autonomie ainsi que des besoins des patients dans la vie quotidienne. L’évaluation cognitive est difficile dans cette population, entraînant la complexité d’un diagnostic précoce et l’absence de protocole standardisé (déficience intellectuelle + déclin progressif cognitif et fonctionnel + troubles psycho-comportementaux). L’objectif de cette étude européenne est d’harmoniser les protocoles européens.
Dans le même thème de recherche, l’Institut Jérôme Lejeune travaille sur le programme TRIAL 21. Mené par le Docteur Anne-Sophie Rebillat, ce projet met en place des tests neuropsychologiques, des analyses imageries et des analyses biologiques afin de définir une cohorte de patients porteurs de trisomie 21 ayant un risque de développer la maladie d’Alzheimer. La participation de l’Institut Jérôme Lejeune implique 200 patients.
L’hebdomadaire « Valeurs Actuelles » a organisé un débat entre Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, et Jonathan Denis, président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) autour de la thématique de l’euthanasie et du suicide assisté.
Ils y abordent entre autre, des questions telles que « ne faudrait-il pas permettre une certaine liberté en cas de maladie incurable ? », « encadrer de manière stricte l’euthanasie, ne serait-il pas plus efficace pour éviter des dérives ? », « que révèle ce débat de société ? », « toute mort n’est-elle pas indigne par définition ? », « généraliser massivement les soins palliatifs pourrait-il mettre fin aux revendications d’aide active à mourir ? » etc.