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Remboursement du DPNI : une manne financière pour les fabricants !

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05 Fév 2019 Remboursement du DPNI : une manne financière pour les fabricants !

Dans  Boulevard Voltaire, Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, réagit au remboursement du diagnostic préimplantatoire non invasif :

Aujourd’hui, la quasi-totalité d’une population triée sur le critère de son génome imparfait a disparu. L’extinction de cette partie de l’humanité, les trisomiques, est le fait d’un eugénisme efficace vendu par des marchands, acheté par l’État et mis en œuvre par la médecine. Dans l’Histoire, c’est un événement sans précédent.
La dernière « annonce » de l’année 2018 a parachevé cette politique eugéniste en mettant en place le remboursement, par la Sécurité sociale, du test de dépistage prénatal non invasif (DPNI).
Il s’agit, en fait, d’une nouvelle machine à trier les humains avant la naissance. En clair, c’est la mise en œuvre d’un énième test de dépistage de la trisomie 21, toujours plus performant, présenté sous les auspices de la science et de la médecine, comme si l’avortement sélectif de la quasi-totalité de cette population n’était pas déjà une tragédie.
Il est vrai que 96 % des enfants diagnostiqués trisomiques avant la naissance sont aujourd’hui éliminés, ceci étant possible jusqu’au terme de la grossesse en application de la loi Veil. Sauf indication contraire des parents ou défaillance de la machine à trier, tous les fœtus diagnostiqués trisomiques sont avortés. Le dépistage prénatal non invasif (DPNI) porte à sa perfection la politique eugéniste déjà mise en place en visant à l’éradication complète des enfants porteurs de trisomie. Il est présenté comme plus fiable, plus précoce, plus confortable, plus économique. Une usine à gaz a été construite pour renforcer une politique qui n’est ni médicale, ni scientifique, et encore moins philanthropique, mais surtout lucrative pour les fabricants de tests.
Ce nouveau dépistage, capable de rechercher le chromosome 21 surnuméraire dans l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel, est dorénavant proposé à toutes les femmes enceintes dont le niveau de risque a préalablement été évalué entre 1/50 et 1/1.000 (et non plus 1/250) à l’issue du dépistage actuel par dosage des marqueurs sériques. Au système actuel qui prévoit un dépistage à 14 semaines et fiable dans 85 % des cas se rajoute donc une technique utilisable dès 10 semaines et fiable à 99 %. Il y aura même des femmes qui cumuleront trois tests : les marqueurs sériques, le DPNI si elles sont classées à risque entre 1/50 et 1/1.000, et un second DPNI si le premier prélèvement est « ininterprétable ». Le DPNI devrait limiter le recours à l’amniocentèse, qui restera toutefois nécessaire pour établir le diagnostic si le résultat du nouveau test est positif. L’avortement, qui pourra être plus précoce, est bien sûr présenté comme un progrès. Tout cela est remboursé par l’assurance maladie.
L’actuelle politique de dépistage présente deux caractéristiques : elle est à la fois massive et imprécise. Massive dans la mesure où 96 % des enfants diagnostiqués sont avortés (bien que certains se posent la question de savoir pourquoi il en reste encore 4 %). Imprécise parce que le système conduit à des erreurs responsables de fausses couches d’enfants sains causées par le recours excessif à l’amniocentèse (celle-ci est critiquée non pas en raison des fausses couches d’enfants trisomiques puisque ce risque est sciemment couru par les parents mais à cause des fausses couches d’enfants sains). Le nouveau système mis en place cherche donc à être à la fois exhaustif (avec un seuil de risque plus exigeant 1/1.000) et dans la cible (avec un taux de fiabilité de 99 %). Autrement dit, cette nouvelle politique de dépistage doit être vue comme une superposition de filtres. D’une part, le système actuel des marqueurs sériques resserre les mailles du filet dans un rapport de 1 à 4. D’autre part, on rajoute un second filtre, le DPNI, dont la fiabilité est quasi parfaite. Malgré cela, le diagnostic reste nécessairement établi à la suite de l’amniocentèse mais les cibles seront mieux identifiées et les fausses couches ne concerneront que des enfants trisomiques. Le nouveau système remboursé par l’assurance maladie permet donc de ne plus éliminer d’enfants sains, il n’éliminera que les trisomiques mais il les éliminera tous. En somme, c’est une meilleure utilisation de l’argent public. La hiérarchie est clairement établie : la vie d’un enfant sain est protégée avant la naissance, celle d’un enfant trisomique est condamnée.
Dans mon livre, Les premières victimes du transhumanisme, j’avais montré le glissement de certaines activités dites médicales vers des pratiques transhumanistes assumées, notamment dans les domaines du dépistage anténatal et de la procréation assistée. Ni scientifique, ni médicale et encore moins philanthropique, l’ambition du transhumanisme est sommaire : asseoir le marketing du surhomme sur une aversion pour le sous-homme.
Le dépistage de la trisomie 21 est précisément une matrice du transhumanisme.

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