Edito de Jean-Marie Le Méné de la lettre de la Fondation N°129
Depuis que l’humanité s’imagine qu’elle progresse, il y a fort à faire pour l’en dissuader. Il est certain que l’humanité se déplace. Mais dans quelle direction ? Vers le haut, le bas, le meilleur ou le pire ? Il est scabreux de poser la question. Les religionnaires du progrès sont les gardiens sourcilleux du dogme. L’humanité est en marche, point. Sauf quand un Etat, sans crier gare, met un coup d’arrêt à l’avortement. Alors, on réalise dans quelle direction allait le progrès. Le progrès, c’était l’avortement pour toutes, libre et gratuit ? Depuis la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis, on est prié de réfléchir. L’onde de choc a dérangé le confort où certains s’étaient installés sans jamais s’interroger sur ce que signifie le progrès.
Cette panique est en partie due à une ignorance du droit américain. Aux Etats Unis, ce sont les Etats fédérés qui font la loi, pas les juges. Le 24 juin 2022, la Cour Suprême a révoqué une jurisprudence ancienne qui garantissait à tort la possibilité d’avorter en se fondant sur une interprétation erronée de la Constitution américaine. En révisant cette interprétation, la Cour Suprême a rendu aux citoyens des Etats fédérés le choix de déterminer – ou pas – l’accès à l’avortement. Le peuple américain décide désormais. Et dans de nombreux Etats américains, le peuple choisira de protéger la vie de l’enfant à naître. Une autre vision du progrès…
Le 30 juin, cette même Cour Suprême des Etats-Unis a accepté d’examiner un mémoire déposé par la Jérôme Lejeune Foundation USA en vue de permettre l’application d’une loi de l’Arkansas visant à interdire l’avortement des enfants à naître sur la base d’un diagnostic de la trisomie 21. Cette loi avait été contestée par des opposants et bloquée par un tribunal fédéral. La Cour Suprême a annulé la décision du tribunal qui va devoir réexaminer la demande des opposants, demande qui a de fortes chances d’être rejetée. L’eugénisme « chic » qui cible les enfants à naître en comptant leurs chromosomes risque d’être mis à mal. Une autre vision du progrès…
Quant à la proposition de loi française intégrant un prétendu « droit à l’avortement » dans la Constitution, elle serait une aberration sur le plan juridique. En France, comme aux Etats-Unis, ce sont les parlementaires qui font la loi, pas les juges. Paradoxalement, cela ne favoriserait pas l’accès à l’avortement. La désertification de la pratique abortive ira en s’intensifiant car aucune norme, fût-elle constitutionnelle, n’obligera jamais les soignants à pratiquer des actes contraires à leur conscience. Les seules normes indéracinables, contre lesquelles personne ne peut rien, sont celles qui sont inscrites au cœur de l’homme. Elles sont peu nombreuses et l’interdit de tuer n’en est pas la moindre.
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