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Cellule IPS : un atout éthique et scientifique

recherche stem cells
Recherche scientifique
10 Fév 2025 Cellule IPS : un atout éthique et scientifique

La recherche sur les cellules souches embryonnaires, qui implique la destruction d’embryons humains,
n’est pas une fatalité ! Depuis 2006, il existe une méthode alternative tout aussi pertinente : la recherche sur les cellules souches pluripotentes induites (iPSC).

Zoom sur une incroyable découverte que la Fondation a contribué à faire connaître et qu’elle continue à promouvoir activement.

La reprogrammation, une cure de jouvence pour cellules adultes

Tout commence en 1997 avec le clonage de la brebis Dolly. Jusque-là, on pensait que la différenciation cellulaire était un processus irréversible aboutissant, dans l’embryon et le fœtus, à la transformation des cellules indifférenciées en cellules spécialisées (musculaires, hépatiques, rénales, cardiaques…). La réussite des expériences de clonage a montré qu’une cellule adulte pouvait au contraire se « dédifférencier », les gènes « endormis » pouvant être réactivés.

En 2006, le Pr. Yamanaka fait une découverte capitale avec son équipe. Son objectif était d’obtenir des cellules souches aux qualités équivalentes à celles des cellules souches embryonnaires humaines (CSEh), sans avoir recours à l’utilisation – et donc à la destruction – d’embryons humains. Il y parvient en rétablissant dans des fibroblastes (cellules spécialisées de la peau) la capacité propre aux cellules embryonnaires de se différencier en tout type de cellules spécialisées. Les cellules « reprogrammées en cellules souches » sont alors appelées iPSC (induced pluripotent stem cells) : elles sont indifférenciées, capables de donner, en se multipliant, tous les types de tissus présents dans l’organisme : c’est ce qu’on appelle la pluripotence.

Des « couteaux-suisses » aux capacités étonnantes

Le principal avantage de ces cellules est éthique : comme l’exprime l’INSERM lui-même, elles « permettent de s’affranchir du problème éthique posé par l’utilisation et le sacrifice d’embryons ». Mais ces cellules, en véritable      « couteaux-suisses », possèdent d’autres atouts :
1. Elles permettent de « modéliser », c’est-à-dire de développer des modèles cellulaires de maladies,
ce qui favorise une meilleure connaissance et compréhension des pathologies concernées. Elles
permettent aussi d’évaluer directement sur ces modèles cellulaires de maladies l’effet de nouveaux médicaments en cours d’étude, ce qu’on appelle le « criblage ».
2. Elles ouvrent la voie à la médecine régénérative de demain : les iPSC, se multipliant en abondance et pouvant se différencier en n’importe quel type cellulaire, devraient permettre de traiter des maladies qui échappent aux thérapies disponibles actuellement.

D’autres utilisations des iPSC sont plus problématiques sur le plan bioéthique. Interrogé en 2012 après l’obtention du prix Nobel pour sa découverte, le Pr. Yamanaka affirmait : « Nous pouvons maintenant éviter l’utilisation d’embryons humains, c’est bien. Pourtant, nous avons devant nous de nouvelles questions éthiques. Par exemple, on peut réaliser des cellules reproductrices, spermatozoïdes ou ovocytes, à partir de cellules de peau ou de sang, en passant par le stade de cellule IPS. »

Un succès croissant, mais pas unanime

Pour l’heure, on peut se réjouir d’un succès croissant  des iPSC comme alternative à la recherche sur l’embryon. Une étude réalisée en 2023 montre que l’utilisation des CSEh dans la recherche est restée stable depuis 2015, tandis que l’utilisation des iPSC a été multipliée par 20. Parmi les succès récents de la recherche sur les iPSC, une jeune femme de 25 ans atteinte de diabète de type 1 a commencé à produire sa propre insuline après avoir reçu une greffe de cellules reprogrammées.

On peut néanmoins regretter que les iPSC n’aient pas purement et simplement remplacé l’utilisation de l’embryon et de ses cellules souches (CSEh) dans tous les projets de recherche. En France, il faut prouver que la recherche « ne peut être menée sans recourir à des embryons », c’est à dire que les iPSC, par exemple, ne permettraient pas d’aboutir au même résultat, tandis que ces dernières ne sont pas considérées comme une alternative à l’utilisation des CSEh depuis la loi bioéthique de 2021. Le cadre juridique français n’encourage pas l’arrêt de la recherche sur les CSEh, et la pratique déplore parfois le coût et le temps de fabrication des iPSC.

Le rôle moteur de la Fondation

La Fondation Jérôme Lejeune a contribué à faire connaître la découverte du Pr. Yamanaka à la communauté scientifique internationale. En 2006, il a été invité à présenter ses résultats à un congrès scientifique sur les cellules souches organisé par l’Académie pontificale pour la Vie et la Fondation Jérôme Lejeune. Cette intervention est la première qu’il faisait en Europe sur sa découverte. Depuis, la Fondation continue à promouvoir cette technique en la privilégiant dans la sélection des projets de recherche soutenus par la Fondation. Depuis 2022, elle a ainsi soutenu 9 projets utilisant des iPSC sur 57 au total. Pour Elise Vivar, directrice de la recherche, « le soutien aux projets utilisant des iPSC fait partie des orientations stratégiques de la Fondation, qui promeut une recherche scientifique respectueuse de la vie humaine ».

Trisomie 21 et diabète : un exemple d’utilisation des iPSC

Les personnes porteuses de trisomie 21 ont un plus grand risque de développer un diabète précoce d’origine auto-immune. Le Dr. Barak Blum, de l’université du Wisconsin (Madison, États-Unis), utilise des lignées d’iPSC issues de personnes avec et sans trisomie 21, qu’il différencie en cellules pancréatiques. En comparant le développement cellulaire des lignées avec et sans trisomie, l’équipe de recherche espère comprendre les causes de l’apparition du diabète dans ce modèle trisomique et identifier ainsi des pistes thérapeutiques.

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