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L’éditorial des 20 ans. Par Jean-Marie Le Méné

Evénement
27 Mar 2014 L’éditorial des 20 ans. Par Jean-Marie Le Méné

Célébrer vingt ans de défi scientifique et éthique depuis la mort du Pr Jérôme Lejeune est un exercice plus délicat qu’il n’y paraît. On peut être tenté de comparer la source restée pure à ses eaux devenues troubles, s’arrêter à un âge d’or connu de rares contemporains, jeter sur le temps qui file un regard lourd de désillusion. 

JMLML’éditorial de Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune. Twitter @jmlemene

Célébrer vingt ans de défi scientifique et éthique depuis la mort du Pr Jérôme Lejeune est un exercice plus délicat qu’il n’y paraît. On peut être tenté de comparer la source restée pure à ses eaux devenues troubles, s’arrêter à un âge d’or connu de rares contemporains, jeter sur le temps qui file un regard lourd de désillusion.

Avec le risque de s’exposer au culte de la personnalité et à une inefficacité chronique. Laudator temporis acti… Louangeur du temps passé ! Un tel lâcher prise serait plus confortable mais indigne de celui dont la Fondation poursuit l’œuvre.

Ce qui caractérise la fidélité à Jérôme Lejeune, ce n’est pas de recevoir l’acquiescement ensommeillé du monde, c’est de provoquer son réveil. La pédagogie étant un art de répétition, on rappellera que Jérôme Lejeune doit sa notoriété au service qu’il a rendu à la science autant qu’à la conscience. C’est parce que sa personnalité était unifiée au plus haut niveau qu’elle est si difficile à imiter. Un exemple permettra de le comprendre. Le roi Baudoin de Belgique a refusé de signer la loi sur l’avortement après que son entourage le plus proche, y compris religieux, l’en eût dissuadé avec de sérieux arguments politiques à la clé. Baudoin passaoutre, estimant que le premier devoir du roi est de défendre ses sujets. Lejeune balayant les objurgations fit de même : le premier devoir du médecin est de ne pas tuer ses patients. C’est ainsi que l’Histoire a retenu son nom ! Les effets de cette persévérance à « ne pas brûler un seul grain d’encens au Moloch de la culture dominante 1  » sont très concrets.

Si nous n’avions pas tenu ferme, alors l’Institut Jérôme Lejeune n’existerait pas. A quoi bon créer une consultation médicale quand il n’y aura bientôt plus de personnes trisomiques à soigner ? Si nous n’avions pas tenu ferme, alors la recherche scientifique sur la trisomie serait déshéritée. A quoi bon chercher à guérir des personnes quand on juge plus expédient de ne pas les faire naître ? Or, la consultation de l’Institut ne désemplit pas et l’obstination scientifique de la Fondation contribue à des recherches cliniques, au bénéfice direct des patients, pour la première fois. Sans compter des pistes plus fondamentales mais prometteuses comme celles qui utilisent des cellules souches non-embryonnaires que la Fondation a fait connaître en France. Cela, avec tous les donateurs et les amis de Jérôme Lejeune, nous pouvons en être fiers. Nous ne sommes pas seulement restés fidèles à sa mémoire, nous avons fait ce qu’il aurait fait. 

Il y a encore autre chose dont nous pouvons être fiers avec vous : nous avons assuré la relève du matin. Ce que nous avons fait, d’autres le poursuivront avec un enthousiasme renouvelé. C’est aussi un fruit de la position éthique de la Fondation. Les jeunes aspirent à ce qui les ennoblit et ce dont la société les prive. A leurs yeux, le service de la vie est devenu une évidence pour changer la société. En témoigne ce rêve venu d’ailleurs en la personne de la danseuse étoile Keenan Kampa, âgée de 24 ans. Première Américaine à rejoindre le ballet du théâtre Mariisnki à Saint-Petersbourg. Keenan Kampa est jeune, belle et moderne. Elle devient ambassadrice de la Fondation pour cet anniversaire. Dans la danse, comme pour défendre la vie, la difficulté n’est pas un obstacle, elle est un chemin. Mais Keenan Kampa est belle surtout à la manière de Jérôme Lejeune quand il défendait la vie. « Tu étais beau quand tu m’as défendu », lui avait dit une jeune trisomique, réalisant à la suite de Platon, que le beau est l’éclat du vrai.

1. Belle expression d’Eugenio Corti, auteur du Cheval rouge, qui nous a quitté le 4 février 2014.


 

 

 

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