Actualités de la Fondation

Dépister et traiter la maladie d’Alzheimer dans la trisomie 21 : une priorité de recherche pour la Fondation Jérôme Lejeune

portrait femme trisomie 21
Recherche scientifique
07 Oct 2025 Dépister et traiter la maladie d’Alzheimer dans la trisomie 21 : une priorité de recherche pour la Fondation Jérôme Lejeune

Les personnes porteuses de trisomie 21 sont beaucoup plus touchées que les autres par la maladie d’Alzheimer, qui est aujourd’hui la première cause de mortalité dans cette population. Mieux la dépister et la traiter est donc une priorité stratégique pour la Fondation. L’objectif est d’améliorer la prise en charge de tous les patients avec déficience intellectuelle.

Dès 1948, le neuropathologiste G. A. Jervis avait décrit trois patients porteurs de trisomie 21 présentant les caractéristiques neuropathologiques de la maladie d’Alzheimer, découverte en 1906 par Aloïs Alzheimer. Depuis, l’augmentation spectaculaire de l’espérance de vie des personnes porteuses de trisomie 21 n’a fait qu’accroître l’évidence du rapport entre les deux pathologies.

Aujourd’hui, les premiers signes d’Alzheimer surviennent en moyenne avant 55 ans dans cette population, contre 75 ans dans la population générale (1). 77 % des personnes porteuses de trisomie 21 entre 60 et 69 ans connaissent un déclin cognitif (2), quand la démence ne représente que 1,3 % des 65-69 ans dans la population générale (3). La maladie d’Alzheimer est donc l’exemple type de pathologie « croisée », présente dans la population générale mais dont le risque est fortement accru dans la trisomie 21.

La responsabilité des gènes APP et DYRK1A

Ce risque s’explique aisément quand on sait que deux des principaux gènes impliqués dans la maladie d’Alzheimer sont localisés sur le chromosome 21, en trois exemplaires dans la trisomie 21 : les gènes APP et DYRK1A.

Le gène APP code pour les protéines “ bêta amyloïdes ” qui s’accumulent, dans la maladie d’Alzheimer, en plaques toxiques à l’extérieur des cellules du cortex. Le gène DYRK1A code pour la protéine du même nom qui, dans la maladie d’Alzheimer, modifie les protéines Tau. Celles-ci s’agrègent alors entre elles et forment des dépôts intra-neuronaux altérant la communication des neurones.

L’ensemble de ces processus (plaques amyloïdes et dépôts intra-neuronaux de Tau) est nommé cascade amyloïde et entraîne une réduction de la quantité et de la taille des cellules dans le cerveau, induisant des troubles cognitifs.

Les pistes de la recherche

Pour améliorer la prise en charge de cette pathologie croisée, une première piste consiste à améliorer les moyens diagnostics. L’imagerie PET-SCAN et la ponction lombaire ne sont pas toujours facilement acceptées par les personnes avec trisomie 21. C’est pourquoi des études sont en cours pour identifier des biomarqueurs au niveau sanguin, ce qui permettrait de dépister la maladie d’Alzheimer par simple prise de sang. Plusieurs chercheurs travaillent aussi sur des solutions thérapeutiques. Certains traitements existent déjà dans la population générale mais n’ont pas été testés chez les personnes porteuses de trisomie 21.

Le fait que les personnes porteuses de trisomie 21 soient à risque pour la maladie d’Alzheimer en fait une population importante pour comprendre les stades précoces de cette pathologie, trouver de nouveaux biomarqueurs et administrer des traitements de manière précoce, y compris dans la population générale. La recherche sur la trisomie 21 est aussi au service de tous.
croquis structure physiologique du cerveau


Figure présentant la structure physiologique du cerveau
et des neurones dans le cerveau sain et atteint de maladie d'Alzeimer (4)

Partager l'article sur