Avant l’examen des deux propositions de loi relatives aux soins palliatifs et à la fin de vie qui va débuter en Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale le 9 avril prochain, la Commission mène différentes auditions. Mardi 1er avril à 21h30, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, et Véronique Bourgninaud, chargée de plaidoyer “Dignité, handicaps et pathologies”, était auditionnées aux côtés des associations Alliance Vita, Le Choix et l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Des interventions à retrouver en vidéo.
Jean-Marie Le Méné s’est d’emblée positionné sur le terrain politique et philosophique. “Une grande loi de liberté pour disposer de sa mort, comme on dispose de son corps, une grande loi d’égalité pour éteindre la lumière, une grande loi fraternelle, une grande loi républicaine dans la série de celles inspirées par MM. Henri Caillavet et Pierre Simon, pour lesquels « la vie n’est qu’un matériau à gérer », une promesse républicaine. Nous avons bien compris le positionnement de ce texte en clair-obscur” (pour rappel, Henri Caillavet et Pierre Simon sont deux grandes figures de la
franc-maçonnerie française du 20e siècle).
“Les Français ne veulent pas mourir pour des idées. Ou alors de « mort lente », comme le chante Brassens. Or, cette loi va voler aux mourants le temps nécessaire pour lâcher prise. Il faut du temps pour naître et il faut du temps pour mourir. Les vivants sont des mourants qui s’oublient et les mourants sont des vivants qu’on oublie. Ce sont des vivants de l’extrême ou chaque seconde compte. La dernière seconde peut être de gratitude ou de ressentiment. Elle doit pouvoir être vécue en relation et non pas dans la solitude.”
Dénonçant le copier-coller de la proposition de loi sur les arguments de l’ADMD et les mensonges sur les chiffres et sur le vocabulaire, il a appelé à renverser la charge de la preuve. “Quelles seraient les bonnes raisons, de la part des partisans de ce bouleversement anthropologique, pour justifier la mort de nos concitoyens dans certaines circonstances? Ce ne sont pas les chiffres des demandeurs, ils sont faux. Ce n’est pas l’alternative de la souffrance ou la mort, qui ne parle pas des soins palliatifs, elle est truquée. Ce n’est pas la vérité du discours sur la fin de vie, elle est cachée. (…) La proposition de loi qui vous est présentée ne vise en réalité qu’à répondre à une pression idéologique utilitariste et économique, mais certainement pas à la souffrance en fin de vie. Les soins palliatifs qui coûtent cher seront donc pour les riches et l’euthanasie qui ne coûte rien sera assez bonne pour les pauvres.
Au moins, nous sommes prévenus.”
De son côté, Véronique Bourgninaud a appuyé son intervention sur son expérience personnelle : “Je suis fille d’un grand tétraplégique, et mère de deux enfants handicapés, je suis une praticienne de la fragilité. (…) Je veux vous faire connaître, parce que je la vis, la pression collective que la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté mettra sur les personnes vulnérables.”
Un témoignage qui permet de rappeler à la réalité les députés : “Vous n’allez pas d’abord légiférer sur une certaine idée de la liberté ou de la fraternité, mais sur des personnes, des personnes bien vivantes ! (…) Le risque est trop grand de contribuer à installer un gigantesque impensé collectif selon lequel on serait moins digne de vivre quand on est fragile, dépendant, ou qu’on pèse financièrement sur ses proches ou sur la société.”
Des craintes balayées, par le rapporteur de la proposition relative à la « fin de vie », Olivier Falorni (Les Démocrates), comme par les militants de l’euthanasie. Le rappel des « exemples » fournis par la Belgique (cf. Euthanasies en hausse, augmentation des « polypathologies » : la Commission de contrôle belge rend son rapport bisannuel), les Pays-Bas (cf. Pays-Bas : près de 10 000 euthanasies en 2024) ou encore le Canada (cf. Canada : l’ONU appelle à interdire l’euthanasie des personnes handicapées) n’y feront rien.
Intervention de Véronique Bourgninaud le
1er avril 2025 à l’Assemblée nationale.
vidéo ©Assemblé nationale
Intervention de Jean-Marie Le Méné le
1er avril 2025 à l’Assemblée nationale.
vidéo ©Assemblé nationale
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